mercredi 27 novembre 2013

La société civile encore dans le jeu du pouvoir? Les concertations nationales!

Les questions de vie nationale sont l'affaire de tous, certes. Dans une démocratie digne et respectueuse, la participation de chaque citoyen à la gestion de la chose publique doit être la préoccupation de tout pouvoir politique républicain.

Au Congo, le tableau n’est pas toujours celui que l’on pense ni celui que l’on rêve pour le bien de la démocratie dont on se réclame. Le pouvoir politique congolais a sa propre perception de la participation politique citoyenne, différente de celle du simple citoyen. Le premier entend par participation cette manière de faire participer à des fora nationales comme entité certains membres de la société civile pour essayer de calmer les grognes sociales en vue autour de certaines grandes questions nationales. Et, in fine, arriver à le débaucher pour fragiliser le contrepoids citoyen à l’action du pouvoir.

L’histoire récente du Congo n’a jamais connu une grande réunion des congolais pour anticiper les événements et planifier sur l’avenir; on débat toujours pour chercher à guérir et non pour prévenir. C’est toujours pour résoudre des problèmes devenus requérants…

Par contre, pour le citoyen, la participation politique c’est tout et rien à la fois. C’est d’abord la redevabilité des acteurs politiques en matière de gestion de la république, c’est l’échange des informations, c’est la redistribution équitable des services et ressources nationales, c’est la canalisation et l’agrégation de ses aspirations et de ses besoins, etc. Bref, c’est la prise en compte des conditions pour son mieux-être.

Depuis la deuxième république, en passant par Sun City ainsi que les autres multiples conclaves, conférences jusqu’aux récentes concertations, ce à quoi on assiste au Congo n’est pas de nature à favoriser l’émergence d’une vraie démocratie mais plutôt une démocratie de façade. A l’issue du dialogue inter congolais de 2001, une transition politique avait été décidée avec un gouvernement de large union nationale matérialisé par la formule 1+4. A cet effet, les grosses pointures de la société civile se virent nommées à des postes politiques avec les anciens protagonistes (gouvernement, rebellions) pour, disait-on, faire la paix, l’unité et l’intégration. La société civile qui, par essence, est le contrepoids du pouvoir est désormais dans les collimateurs du pouvoir. De cette façon, elle est devenue presque une prolongation, une caisse de résonance du pouvoir qui ne s’empêche plus à favoriser sous coulisse certains acteurs de la société civile acquis à sa politique.

Les dernières concertations nationales ont réuni la majorité présidentielle, l’opposition et la société civile (qu’on dit acquise au régime en place) pendant trois semaines pour discuter des questions nationales. Je ne veux pas revenir sur la manière dont les participants, appelés abusivement « délégués », ont été désignés ni sur la composition et la forme de ces concertations. La question qui se pose est celle de savoir qu’est-ce qui a été dit qui ne l’a jamais été depuis la conférence nationale souveraine, Addis-Abeba, Gaborone, Sun City, Goma, Nairobi ?

La question de l’insécurité à l’Est de la république, l’épine dorsale de ces assises, a mis à nu la position mitigée de certains acteurs actuels de la société civile, en l’occurrence celle du Sud-Kivu, qui a refusé de s’allier à la position de sa consœur du Nord-Kivu de bouder ces assises. C’était une façon n’est-ce pas légitime de faire entendre sa voix par rapport à la situation d’insécurité imposée. Certains argumentent que la politique de la chaise vide ne payent pas. Oui, mais à quoi sert aussi une présence minorisée où l’on fait le figurant devant les indignations sociales révoltantes? Le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu aurait dû aussi boycotter ces concertations nationales en alliance avec le Nord-Kivu et imposer ainsi une absence interpellatrice au reste du pays. Mais hélas!

L’idée lancée en août dernier par Léon Kengo (Président du Sénat) d’une nouvelle majorité au pouvoir incluant l’actuelle majorité présidentielle, l’opposition ainsi que la société civile a fait baver certains acteurs sociaux et politiques de se retrouver aussi dans les rênes du pouvoir après les concertations. Mais à quoi conduira une telle nouvelle majorité si ce n’est que prolonger le mandat de Joseph Kabila au-delà de 2016 pour mettre la nation devant un fait accompli et un challenge. La révision de l’article 220 de la constitution n’a plus été possible aux concertations nationales mais la Constitution retient que les animateurs des institutions du pays restent en place jusqu’à l’installation effective de ceux qui sont élus pour les remplacer.

Donc, la seule voie restante aux prophètes de l’inanition de la nation congolaise c’est cette prolongation du mandat auquel malheureusement certains acteurs de la société civile auront donné un quitus. C’est là la nouvelle pilule amère qui sera imposée au peuple congolais.

jeudi 14 novembre 2013

Les vrais détenteurs de la victoire sur le M23

Qui est le M23 ?

A ce jour le M23 était le groupe le plus récent parmi une trentaine de groupes armés(1) opérationnels dans la partie Est de la RD Congo. Leur nombre avoisinait les 1.500 hommes.
Le M23 fut un mouvement militaire majoritairement rwandais. Il était en gestation depuis février 2012. Il fut initialement constitué de Tutsis voulant marquer leur désapprobation face à la forte pression exercée par la Cour pénale internationale (CPI) sur l’un des leurs, le général Bosco Ntaganda impliqué dans les mêmes dossiers que Thomas Lubanga (crimes contre l’humanité et dont le procès poursuit son chemin à La Haye). La première réunion préparatoire de la mutinerie tenue au mois de janvier 2012 dans les Hauts plateaux de Minembwe voudra répondre à ce souci : « Que faire et comment procéder » pour obliger le gouvernement de la République Démocratique du Congo à s’activer urgemment dans le retrait à la CPI du dossier de Bosco Ntaganda!

Deux tentatives en vue d’embarquer d’autres groupes tribalo-ethniques locaux dans cette aventure avaient échoué. Seuls dans cette cause, la mutinerie déclenchée à partir de la Province du Sud-Kivu en février 2012 emprunta alors la direction du Nord-Kivu, en prenant au passage tous les combattants anciennement CNDP intégrés aux FARDC au terme d’un accord avec le Gouvernement RD Congolais. Ces militaires, clairsemés dans les différentes unités des FARDC présentes sur ce parcours d’environs 400 km (du Sud du Sud-Kivu vers le Nord-Kivu voisin), seront en partie récupérés par la rébellion en vue de reconstituer une armée. Deux mois plus tard, soit le 12 avril 2012, ce fut au tour de la communauté tutsi basée dans le Nord-Kivu d’adresser une lettre ouverte au Secrétaire général des Nations Unies. Un texte arguant la thèse d’un complot contre toute la communauté tutsi. Ainsi, grâce à ce déclencheur, l’appui idéologique et militaire du Rwanda et de l’Ouganda vint tonifier le groupe ainsi constitué principalement des ressortissants du CNDP de Laurent Nkunda. L’essentiel de leur cahier des charges fut construit à partir des revendications légitimes des communautés locales. En mai 2012, le M23 se transforma alors en  rébellion atypique prétextant avoir reçu mandat de ces communautés. Pourtant, durant toute la durée de sa vie, ce mouvement n’a jamais bénéficié de l’appui de la population pour le reconnaître comme alternative au pouvoir de Kinshasa. Seul l’opposant Roger Lumbala rejoignit le mouvement du 23 mars, le M23. D’ailleurs, on se rendra vite compte que la victoire du M23 contre les FARDC à Goma en Novembre 2012 lui attira plus de misère que de joie car, au vu des dégâts incalculables occasionnés en peu de temps d’occupation de la ville (butins transférés au Rwanda, violations graves des droits humains, criminalités sans nom…), de nombreuses voix se sont levées de par le monde entier pour les désapprouver. La mise en scène de l’appui populaire, aux premiers jours de la prise de Goma, se révéleront vite une grande supercherie…
Mais contre toute attente, malgré ce rejet catégorique de la population, le M23 aura tenu militairement jusqu’en novembre 2013. Il a pendant cette période contrôlé un espace d’environ 700 km2 jouxtant le Rwanda et l’Ouganda et administré les territoires anciennement occupé par le CNDP…

La CIRGL(2)  proposera alors une solution africaine en vue de résoudre le conflit. Deux des 11 membres de la CIRGL, dont l’Ouganda lui-même pourtant partie prenante au conflit, deviennent médiateurs. L’Ouganda était pourtant accusé, preuves à l’appui, d’alimenter la guerre et, de son coté, le Rwanda, de surcroît membre du Conseil de sécurité des Nations Unies, fut maintes fois dénoncé pour son appui avéré au M23 et pour ses menaces directes perpétrées dans les médias contre la Monusco.
Ces éléments ont finalement mis ces deux pays dans une position inconfortable face à une communauté internationale désabusée. Plusieurs rapports d’experts internationaux et diplomatiques furent publiés pour recommander au Rwanda de se positionner non pas comme une partie du problème mais plutôt comme une partie de la solution.
Certains partenaires stratégiques du Rwanda, en particulier les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, furent interpellés pour leur inaction et, devant l’incapacité démontrée de la CIRGL, les Nations Unies ont adopté la Résolution 2098 et ont mis sur pied l’Accord cadre d’Addis-Abeba pour la RD Congo. Cet accord privilégia la constitution d’une force africaine dotée d’une mission de traque de toutes les forces négatives dont en tête le M23. Les ambivalences du Rwanda et de l’Ouganda ont poussé nombre de pays à réduire, ou même geler leur appui direct au Rwanda. Et de leur côté, les Nations Unies appuyèrent avec fermeté le mandat donnant aux casques bleus l’autorisation de combattre(3) le M23 aux côtés des FARDC.
Depuis lors, les pressions tant à l’interne qu’à l’externe n’ont cessé de croître. Le M23 traqué dans tous ses bastions a fini par craquer, se scinder en deux factions rivales après un affrontement sanglant. Il en résulta que d’un côté, une partie du M23 fidèle à Bosco Ntaganda se réfugia au Rwanda. Lui-même capitula et se rendit dans l’ambassade des Etats-Unis à Kigali d’où il sera livré à la Haye, et le reliquat des troupes piloté par Sultani Makenga entretint le leadership du M23 sur le terrain. Les négociations à Kampala se poursuivaient entre le gouvernement de Kinshasa et le M23 en même temps que les concertations nationales se tenaient à Kinshasa avec les forces politiques internes en présence en RD Congo en vue de trouver une solution politique à la crise. Sur le champ de batailles, les FARDC bien appuyées et bien équipées poursuivirent leur offensive contre les unités combattantes du M23 dans le Nord-Kivu jusqu’à la victoire totale telle que proclamée par le gouvernement de la RD Congo. (Sic Ministre Mende Omalanga)

A qui revient la palme d’honneur pour la victoire sur le M23 ?

A la question, on pourra répondre d’emblée soit par l’un ou l’ensemble des facteurs ci-après : les FARDC, le Gouvernement congolais, la population, la diplomatie et la Communauté internationale, la pression des USA sur Kagame, l’Union Africaine, les Nations-Unies, MONUSCO… Chacun des acteurs susmentionnés s’évertue à tirer la couverture de son côté !
En résumant et complétant l’analyse de Colette Braeckman sur les derniers succès des FARDC, on peut dire sans risque de se tromper que pour aboutir à cette victoire qui donne aujourd’hui la joie à des millions de congolais, les efforts ont été partagés et il est difficile de déterminer la part exacte de l’un ou l’autre des acteurs. Mais on retiendra principalement que :

  • La population et la société civile infatigable de Goma/Nord-Kivu n'ont pas cédé aux multiples menaces et intimidations pour monitorer, de diffuser l’évolution sécuritaire et les graves violations au jour le jour.
  • Le gouvernement Matata Mponyo a indéniablement fait de son mieux. Il a motivé matériellement et financièrement les militaires envoyés sur le champ de bataille.
  • La dextérité des chefs militaires congolais dont Hamuli et Mamadou Ndala qui ont contrasté avec le comportement d’Amisi Tango Fort(4) dans l’organisation des fronts et dans l’accompagnement des troupes… Celui-là même que, rapports à l’appui, les experts des Nations Unies ont démontré qu’il vendait armes et munitions aux rebelles et groupes armés qu’il était censé combattre.
  • Les FARDC bien encadrées et aiguillonnées par la brigade africaine et par la ferme détermination du contingent tanzanien ont démontré de quoi pouvait être capable l’armée congolaise une fois placée dans les conditions acceptables et surtout en réponse aux frustrations et humiliations accumulées.
  • La part de la Monusco avec, comme valeur additionnelle, la clairvoyance perceptible de son nouveau chef Martin Kobler a été au rendez-vous. (En 2004 la ville de Bukavu était tombée entre les mains de Laurent Nkunda pendant que la Monusco y était présente et, à Sharu Shariff son Chef de Bureau de se justifier dans les médias en disant qu’il y avait rupture d’électricité dans la ville de Bukavu…)
  • La communauté des bailleurs des fonds pour avoir placé l’épée de Damoclès sur la tête du Rwanda suite à son appui au M23…

En tant que Centre d’Analyses Politiques et Stratégiques pour les grands-lacs africains, il serait simpliste de limiter la réflexion à ce qui a occasionné la victoire/succès des FARDC mais il nous importe aussi de formuler une question subsidiaire. Quelles peuvent être les autres raisons qui ont pesé sur l’issue du conflit et ont précipité la défaite de M23, alors qu’il était sous la haute protection et l’appui de deux états voisins, bénéficiant d’importants appuis logistiques, financiers et techniques, jouissant des millions de dollars produits des taxes et multiples revenus issus des transactions effectuées sur le territoire qu’il contrôlait? Ne sont-ce pas là autant d’atouts pour gagner une guerre?
La défaite n’a-t-elle pas aussi été déterminée par d’autres facteurs?
Pour nous, c’est le cas. Et au-delà des facteurs militaires, c’est dans la genèse même de la rébellion et dans des erreurs stratégiques commises dans la conduite des affaires qu’il faut trouver certaines causes fondamentales de l’échec. En voici les principales :

  • Démarrer une mutinerie sur base tribalo-ethnique, appuyée par le Rwanda, pays reconnu pour ses visées sur l’Est de la RD Congo ne pouvait que discréditer les revendications affirmées du M23.
  • La victoire sur Goma en novembre 2012 a été suivie de tueries, viols, vols et transfert de butins vers le Rwanda, signifiant bien par là sa subordination à un état voisin.
  • Avoir tiré sur les hélicos de la Monusco et prouver ainsi qu’il constituait une menace pour celle-ci.
  • Avoir intégré dans ses rangs des éléments terroristes identifiés comme d’El Shabab ?
  • Avoir des effectifs réduits de combattants suite aux différentes défections mais aussi diminués par l’envoi de quelques unités dans la traque de Yakutumba sur le front de Fizi/Baraka entre août et octobre 2013. Certaines informations font même état de la mort sur ce front Sud de quelques officiers du M23. Qui trop embrasse mal étreint…
  • La mort de deux soldats tanzaniens, imputée au M23, a durci la détermination de la force d’intervention spéciale.
  • La division en deux factions rivales a miné le mouvement.
  • La reddition et le transfert de Bosco Ntaganda à la Haye après toutes les tentatives d’empêcher cela a constitué une défaite politique majeure et a semé le doute dans les esprits.
  • Les populations locales n’ont jamais rejoint la rébellion et ne constituaient dès lors pas un allié stratégique.
  • Le M23 n’a jamais réussi à coaliser avec les autres groupes armés opérationnels sur le terrain. Les objectifs et intérêts étaient trop divergents.
  • Le M23 n’a pas compris que cette guerre, finalement n’était plus la sienne, mais qu’il était instrumentalisé dans une autre guerre « de grands » au profit d’intérêts économiques, financiers ou géopolitiques qui le dépassent.


Que faire alors pour tirer avantage de cette dernière évolution ?

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo a déclaré solennellement la victoire totale des FRDC, le M23 a signé officiellement qu’il mettait fin à la rébellion et, quoi de plus normal, la population longtemps meurtrie par les affres de cette guerre a manifesté sa joie !
Et la Monusco de renchérir : « Ceci marque quasiment la fin militaire du M23. » (Martin Kobler)
Le Gouvernement et les partis politiques de la majorité en ont profité pour organiser des manifestations de grande envergure dans toutes les provinces de la République et présenter la victoire comme celle du chef de l’Etat Joseph Kabila dont la cote de popularité était toujours basse depuis les élections de 2011.
Pour l’opposition qui n’avait cessé d’insinuer la complicité voire la dualité du chef de l’Etat dans toute cette affaire depuis le début, tant de démonstrations et de clameurs de triomphe n’ont aucune raison d’être. Au contraire, certains vont même jusqu’à dénoncer une guerre « business du pouvoir » à laquelle il vient lui-même de mettre fin. Et à l’artiste musicien congolais Ray Lema vivant en France de déclarer : «Le conflit dans l’Est du Congo est voulu et entretenu, les multinationales sont au cœur de ce conflit qui sert la cause de l’Occident… C’est une suite logique de la colonisation».
A Rutshuru et Bunagana par exemple, dans le Nord-Kivu, certains se demandent encore: cette victoire est-elle réelle ? Est-elle réellement congolaise ? Rien n’est moins sûr ! Ne s’agirait-il pas, une nouvelle fois, d’une pièce de théâtre ?
D’autres estiment encore qu’il suffirait demain que les pressions internationales sur le Rwanda et l'Ouganda s’atténuent pour que les prétextes à un retour en force dans la RD Congo soient remis sur la table.
On le voit, les détracteurs du pouvoir, les sceptiques font encore entendre leur voix.
En réalité, les congolais ne peuvent baisser la vigilance car la convoitise envers les richesses de la RD Congo est forte, et certaines puissances financières ou des Etats comme le Rwanda, qui doit en partie sa récente croissance économique à la prédation au Congo(5), ne renonceront pas de sitôt, quitte à provoquer de nouveaux conflits.
Le Rwanda reste donc imprévisible. Deux des prétextes pour refaire irruption en RD Congo sont dès maintenant effleurés en ces termes dans le dernier texte de Colette Braeckman : « si les Tutsis congolais se voient menacés, si les réfugiés ne sont pas autorisés à rentrer chez eux, les germes d’une nouvelle guerre seront toujours présents ». Le Chef de l’Etat dira d’ailleurs dans son discours à la Nation : « Nous devons bannir toute attitude, tout propos et tout comportement de nature à exacerber la division entre congolais. Agir autrement serait faire le jeu des ennemis de notre pays. L’heure n’est pas à la chasse aux sorcières ou à la recherche des boucs émissaires, mais plutôt au rassemblement des Congolais dans toute leur diversité autour du seul objectif qui vaille : la grandeur et la dignité du Congo ».

Le troisième et de surcroît, l’éternel prétexte magique du Rwanda est d’empêcher les FDLR de l’envahir en partant du territoire Congolais. A ce sujet on sait comment toute proposition portant sur l’incitation au dialogue entre Rwandais est rejetée, jugée tabou, un cauchemar pour le Rwanda alors qu’il s’est lui-même proposé médiateur dans les conflits entre les rebelles Congolais…
Du reste, le Rwanda vient de prévenir qu’il était prêt à intervenir en RDC. «Le Rwanda reste prêt à faire usage de tous les moyens nécessaires pour protéger ses habitants et son territoire » a assuré son ambassadeur Eugene-Richard Gasana, le 6 novembre dernier, au Conseil. L’ambassadeur rwandais a ensuite affirmé à des journalistes que « le Conseil de sécurité de l’ONU devrait ordonner à la brigade d’intervention des Nations unies au Rwanda de s’attaquer à présent aux FDLR et aux autres groupes rebelles… » On ne serait donc pas surpris d’entendre un matin qu’une nouvelle rébellion « congolaise de nom » appuyée discrètement par le Rwanda refasse son apparition ou que le Rwanda à son corps défendant ne soit « obligé » de revenir…
Pourquoi ne pas imaginer qu’il a déjà trouvé, avec ses alliés traditionnels que sont les USA et la Grande Bretagne, d’autres mécanismes pour maintenir son influence et ses intérêts à L’Est du Congo ? Comment analyser l’installation annoncée de la base militaire américaine dans le Nord-Kivu (auparavant prévue sur le sol rwandais), l’exploitation du pétrole en phase de prospection dans le Parc Nationale de Virunga par la société SOCCO de droit Britannique et tant d’autres opportunités non encore dévoilées ?


Les défis qui restent pour la RD Congo

Neutraliser les éléments du M23 est une excellente chose mais stabiliser complètement l’Est de la RD Congo demeure le défi majeur. C’est pourquoi il faut espérer qu’en échange de la reddition du M23 il ne s’est pas mijoté un nouvel accord d’amnistie et/ou de réintégration. Car alors, loin de résoudre le problème, la situation pourrait encore se radicaliser et donner l’occasion aux va-t-en-guerre de recommencer les jeux déjà vus et revus depuis plus d’une décennie. Il est bon de se souvenir que c’est suite aux privilèges du genre offerts au CNDP par le Gouvernement en échange de cessation de la guerre en 2008 que les nouveaux groupes armés se sont reconstitués. Le Gouvernement de la RD Congo doit rester ferme sur cette question. Il devrait sans atermoiements initier les poursuites des auteurs des crimes de guerre et crimes contre l’Humanité dont les preuves existent et surtout accélérer les réformes bloquées. Cette lutte exemplaire contre l’impunité aura incontestablement un effet dissuasif certain sur l’ensemble des groupes et bandes armées qui évoluent impunément dans l’Est de la RD Congo.

Les dernières concertations tenues à Kinshasa ont été décriées par nombre de Congolais comme un stratagème du pouvoir de Kinshasa en vue de la modification de certains articles de la Constitution de 2006. Celles-ci ont néanmoins passé au peigne-fin et sans complaisance la situation du pays à travers cinq thématiques clefs. Les analyses rejoignant celles de tant d’acteurs de la société civile. Il en sort des centaines de recommandations qui montrent bien que la situation socio-économique du pays est tellement grave qu’il faudra des mesures difficiles, voire impopulaires pour se tirer d’affaire. Les richesses du pays, même exploitées par des acteurs étrangers, doivent l’être dans la légalité et la transparence et doivent profiter enfin au peuple congolais, par l’amélioration de ses revenus, de son pouvoir d’achat, par la mise en œuvre concrète de politiques sociales, dont la couverture universelle… Reste à les mettre en œuvre, avec détermination, courage, persévérance, car la tâche est rude et le chemin sera long.

Les vrais bénéficiaires de la victoire contre le M23 seraient alors les populations.

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1) Le M23, Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR)  avec leurs dissidences FDRL/RUD, FDLR/SOKI, FDLR/FOCA, FDLR/MANDEVU,Maï Maï Hilaire (Union pour la réhabilitation de la démocratie au Congo – URDC), Raia Mutomboki, Maï Maï Sheka (Nduma Defence of Congo – NDC), Maï Maï Kifuafua, Forces de défense locale Busumba (FDL), Front de défense du Congo (FDC), Union des patriotes congolais pour la paix (UPCP/FPC), Mouvement d’action pour le changement (MAC), Mouvement populaire d’autodéfense (MPA), Maï Maï Morgan, Maï Maï Simba, Forces démocratiques alliées (ADF-Nalu), L’Armée de résistance du Seigneur (LRA), Forces nationales de libération (FNL), Maï Maï Yakutumba, Maï Maï Nyatura, Forces de défense des intérêts du peuple congolais (FDIPC), Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), Coalition des groupes armés de l’Ituri (COGAI)/MRPC , Forces de résistance patriotiques en Ituri (FRPI), Kata Katanga, Forces de défense nationale (FDN), M18, M26 

2) CIRGL : Conférence Internationale sur La Paix dans la Région des Grands Lacs.

3) C’est la première fois depuis plus d’une décennie que les nations unies ont ordonné aux casques bleus de combattre sur terrain ; finie l’observation…

4) Le général Amisi alias Tango était le Chef d’Etat-Major des FARDC que le général Oleko a remplacé. Le Président Kabila, Commandant suprême des armées, l’a juste suspendu sans l’arrêter ni initié une poursuite judiciaire pour haute trahison à l’endroit de cet homme comme le prévoit la législation Congolaise. 

5) (sur base d' indicateurs mesurés par Doing Business, le Rwanda est placé deuxième des 10 économies qui ont progressé le plus. Par ordre croissant d’amélioration on annonce : l’Ukraine, le Rwanda, la Russie, les Philippines, le Kosovo, Djibouti, la Côte d’Ivoire, le Burundi, l'ex République Yougoslave de Macédoine et le Guatemala)