vendredi 24 janvier 2025

La misère des Congolais dans l'économie chinoise

La Chine, est-ce vraiment un modèle de partenaire pour les pays du Sud ?  

« Les pays pauvres ne le sont pas par incapacité congénitale mais par suite de l’histoire qui a fait que certains pays ont dominé, exploité et pillé d’autres pour s’enrichir et c’est de la logique mathématique. Quand le riche exploite le pauvre, le riche devient de plus en plus riche et le pauvre de plus en plus pauvre… Ce sont les pauvres des pays riches qui enrichissent les riches des pays pauvres. » Mobutu, discours à l’ONU.

Après la douloureuse et inoubliable colonisation belge menée des mains de fer par le roi Léopold II, la Chine se constitue aujourd’hui en deuxième colonisateur-exploiteur et ce n’est pas si différent. Certes, les époques, les modalités voire les moyens peuvent se nuancer mais les objectifs restent les mêmes : piller le Congo et appauvrir, sans une larme de pitié, les pauvres peuples congolais trahis et vendus par leurs frères aux multinationales chinoises et occidentales.

L’économie chinoise peut-elle faire la fierté du monde autant que ses propagandistes la vantent ? A bon menteur qui vient de loin dit-on et à André Gide de répondre : « Mentez, mentez, il en restera quelque chose ! ». Aucun congolais consciencieux n’oserait dire oui à cette question qui parait comme une question à un champion.

Dans un monde multipolaire avec une course effrénée au leadership économique mondial, la Chine joue sur la psychologie des pays longtemps paupérisés, anéantis par les politiques paternalistes et cyniques de l’Occident, des pays soumis à un enfantillage dédaignant des maitres de la féodalité. Elle joue au messianisme en se faisant faussement passer pour un redresseur des torts économiques et de développement causé par l’Occident. Malheureusement c’est du pareil au même. Ils sont tous les mêmes et il faut être naïf pour croire le contraire! Ces nouveaux conquérants malveillants et malvenus ne sont en rien mieux que les Van Coq ou Vander quelque chose qui ont coupé les mains des congolais à cause et pour le caoutchouc rouge il y a de cela plus d’un siècle. Ils sont donc les mêmes, qu’on ne s’y trompe pas.

Certes, contrairement à l’Union européenne, la Grande-Bretagne et les USA, la Chine ne prend pas des armes et ne subtilise pas des groupes armés, genre M23 ou des pays commissionnaires tels que le Rwanda et l’Ouganda pour piller le sous-sol de leur voisin la RD Congo et laisser les congolais s’apitoyer sur leur misère. La Chine déferle ses citoyens chinois sur le territoire congolais très souvent dans une irrégularité administrative, dans un cafouillage inédit ou au mieux dans un sabotage de lois migratoires de la république.

La guerre des métaux rares, critiques et stratégiques entre les puissances du monde est une guerre qui fait mal aux Congolais. La RD Congo est victime des ressources multiples et au lieu d’être une opportunité de développement, elles sont devenues une source de malheur et de misère indescriptibles pour les Congolais. Plus le Congo est potentiellement riche, plus sa population est extrêmement pauvre et appauvrie. Le monde a certes besoin des minerais critiques et stratégiques pour le développement numérique, les technologies de pointe et de la communication (notamment pour les voitures électriques). Comme le dit si bien Guillaume Pitron dans son livre intitulé "La guerre des métaux rares": « L’exploitation de ces minerais rares est tout sauf propre. ». Faut-il vraiment tuer doucement ou violement, appauvrir, paupériser, chasser de leurs terres ancestrales sans aucune forme de procès des Congolais pour se servir en maitre de leurs minerais dont on a besoin pour ses avancées technologiques? A quoi servira toute cette course?

L’horreur et la diversion des chinois dans l’exploitation de ce métaux rares sur toute l’étendue de la RD Congo en général et au Sud-Kivu en particulier n’est pas un film de fiction mais une triste réalité. Ils fourmillent partout et se font confondre aux coopérants techniques engagés dans la construction des infrastructures. Beaucoup sont sans papiers de séjours encore moins sans autorisation d’exploitation minière. Ça aurait été en Europe, tous les journaux seraient bien servis et achalandés par des gros titres, surtout s’il s’agirait des africains retrouvés sans papiers de séjour. Mais comment ces petits fils de Mao arrivent-ils à passer les frontières congolaises et se retrouver dans le Congo profond en train de déplacer les lits des rivières et renverser la terre pour y chercher les métaux rares durant des nuits et des jours entiers ? Les services migratoires congolais ainsi que les autres services de sécurité sont-ils complices ? Visiblement oui!

Au Sud-Kivu, la question de l’exploitation des minerais par les chinois devient virale et omniprésente. Cela révolte les populations à voir comment ils détruisent l’environnement et l’économie paysanne laissant nombreux citoyens sans abri et sans terre sans qu’aucune mesure réparatrice et protectrice conséquente soit prise, et par le gouvernement congolais, et par ces soi-disant entreprises chinoises de « frappeurs » qui n’ont aucun document d’exploitation minière et pourtant… et pour tout cela c’est la province du Sud-Kivu qu’on appauvrit sans espoir de se relever économiquement ni de se développer de par ses potentialités et richesses.

Selon le gouvernorat de province du Sud-Kivu, il se constate que depuis 2020, les entreprises chinoises opèrent sans respect aucun à la réglementation minière en vigueur au pays. Ils n’ont aucun cahier de charges avec les communautés locales, il n'y a aucune possibilité d’accéder aux données statistiques des minerais qu’ils produisent car ils sont ceinturés par des militaires bien armés et les sites d’exploitation minière sont plus protégés que les citoyens congolais. On ne peut pas non plus dire avec précision et exactitude quel type de minerais ils exploitent là où ils s’installent tellement leurs entreprises se cachent derrière des permis de recherche octroyés à Kinshasa.

Le gouvernement provincial tente en vain de mettre de l’ordre dans le secteur en exigeant aux chinois se trouvant au Sud-Kivu de se mettre en ordre avec la loi congolaise mais hélas ! C’est Kinshasa qui donne des ordres pour laisser faire ou partir les chinois. Quelle complicité !
Quelle trahison !

En moins de trois mois, l’administration locale vient d’arrêter plusieurs groupes d’exploitants chinois en situation très irrégulière mais hélas ! La première fois c’était un groupe de treize citoyens chinois sans papiers mais perdus dans les forêts du Sud-Kivu en train d’exploiter les minerais. Kinshasa a ordonné de les laisser partir. Pourquoi ? On peut s’imaginer..!

Il y a presque deux semaines, la province a encore mis la main sur un autre groupe de chinois avec au départ 12 lingots d’or et huit cent mille dollars américains liquide, à en croire les premières informations officielles partagées dans les médias sur place et dans les réseaux sociaux. L’affaire a fait un tollé et Kinshasa s’invite encore une fois dans l’affaire et l’opinion pense qu’encore une fois ils seront libérés sans payer quoi que ce soit à la province comme entité décentralisée et conformément aux prescrits du code minier en vigueur. Des spéculations tendancieuses et mal intentionnées font déjà la chronique sur le nombre exact de lingot d’or arrêtés et le chiffre exact de la somme d’argent pendant que les communicateurs officiels du gouvernorat avancent déjà 13 lingot d’or et huit cent mille dollars et l’on suppose que c’est après constat ; le discours change honteusement que c’est plutôt dix lingots, trois autres étaient plutôt des colis de chanvre comme si les deux sont de même nature pour qu’ils soient vraiment confondus. Pour la somme d’argent, on parle davantage de quatre cent mille dollars en lieu et place de huit cent annoncé précédemment… de tels tâtonnements délibérés ne peut assurer aucune confiance du peuple, bien au contraire. Cela crée un doute et des suspicions dans le chef de la population car un tel changement de discours peut cacher la volonté de détourner la vérité pour des fins égoîques.

Tout le monde pointe la présidence de la république d’avoir une main noire dans cette affaire des chinois mais encore une fois ce sont des communiqués officiels de la province qui sortent pour mettre en garde la population quant à cette volonté de pointer la famille présidentielle d’être impliquée, bref, des communiqués pour blanchir la famille présidentielle, et pourtant, il est de principe que qui peut et n’empêche, pêche…La population n’est pas dupe et les chinois disent clairement de qui ils dépendent. Ils s’en vantent d’ailleurs pour intimider et déchanter les petits agents de l’Etat qui viennent s’enquérir de la situation ainsi que la population en colère.

Quoi qu’il en soit un procès en flagrance a été ouvert par le Tribunal de Grande Instance de Bukavu contre les trois sujets chinois. Ce sera la toute première fois dans l’histoire de cette province du Sud-Kivu pillée à dessein par des étrangers, voire de ce pays en proie à une exploitation sauvage et inhumaine par les grandes puissances économiques et militaires du monde. Le verdict est tombé dans la soirée de ce jour du 14 janvier 2015. Les trois ressortissants chinois ont écopé d'une peine de sept ans de servitude pénale et d’une amende de six cent mille dollars américains (600 000US).

Le tribunal a donc chargé ces pilleurs chinois des infractions de fraude et exploitation illicite de minerais, de blanchiment des capitaux, de séjour irrégulier en RD Congo ; d’achat illicite des substances minérales en violation de l’article 302 du Code minier en vigueur, de la détention 
illicite des substances minérales en marge de l’article 303 du Code minier, d’entrave à la transparence et à la traçabilité des minerais selon l’article 311 du même Code. Le tribunal a, en outre, ordonné la confiscation, au profit du Trésor public, des dix lingots d’or et les 400.000 dollars américains qu’ils détenaient au moment de leur arrestation mais aussi le payement des dommages et intérêts fixé à trois cents mille dollars américains dont deux cents en faveurs de la province du Sud-Kivu et cent mille dollars américains en faveur de la chefferie de Wamuzimu, une entité territoriale décentralisée du territoire de Mwenga au Sud-Kivu. La répartition de ces dommages et intérêts parait injuste car c’est la communauté locale victime de toutes ces exploitations sauvages de l’or qui devait bénéficier de la plus grosse somme et la province de la plus petite, mais hélas ! Roma lucuta causa finita !

La grande question qui demeure est celle de savoir si ces condamnés vont réellement épurer leurs peines et s’acquitter des amendes qui leur sont infligées ? Qu’à cela ne tienne, il aura été un procès 
pédagogique si par la suite les interférences politiques de Kinshasa ne crachent pas sur cette procédure qui devrait devenir une jurisprudence à travers toute la république où la Chine exploite et pille à travers ses citoyens. Wait and see !

Les Congolais devraient rester vigilants par rapport à l’exploitation minière et à la suite de ce procès. Il faut poursuivre le monitoring de cette affaire qui n’est qu’à son premier épisode. Les condamnés vont certainement faire appel et étonnement ils peuvent être blanchis par cette même justice car les implications sont inimaginablement nombreuses et à différents niveaux. Ce jugement n’est donc pas définitif et n’est pas encore coulé en force de chose jugée. Un tel procès devrait aussi s’étendre à toutes les complicités internes, surtout au niveau des services de l’Etat engagés dans l’exploitation des minerais. Tous les brouteurs et les pilleurs de la république sont souvent couverts par les plus hauts placés du pays qui en tirent leur part belle. Dans le dossier à la une, la responsabilité de tous ces services publics est avérée et engagée car tous affectent des agents dans les sites d’exploitation mais ces derniers s’empêchent sciemment de voir ce que font les chinois. Pourquoi et pour quel intérêt ? Comme qui dirait, les malheurs du Congo viennent aussi des congolais eux-mêmes.

Le capitalisme n’a pas d’humanisme. Sous un angle ou sous un autre, qu’on soit d’accord ou pas, l’économie chinoise, repose jusqu’à un certain pourcentage sur la misère et la pauvreté des congolais en particulier et des africains en général. Pour autant que tous les hommes naissent égaux en droits et en dignité, ce que fait la Chine sur le continent à travers ses citoyens c’est du pillage, de l’exploitation sauvage camouflé dans un faux messianisme économique. Ils se font passer pour des coopérants techniques les plus compatissants, accessibles et moins obligeants mais ce qu’ils font contre toutes les lois de leur pays hôte ne les dédouane pas. Les droits de l’homme et la dignité humaine n’est pas leur préoccupation.

C’est l’or à tout prix. Ils détruisent sans remord l’environnement, l’agriculture paysanne ainsi que l’écosystème dont les congolais sont existentiellement dépendants sans contrepartie aucune. Les quelques infrastructures routières qu’ils construisent soient disant en contrepartie ne sont pas durables et surtout pas proportionnelles à la valeur des matières qu’ils exploitent. On dirait qu’ils construisent pour que le pays ait toujours besoin d’eux. 

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