lundi 7 février 2022

RD CONGO : Pays potentiellement riche... Population misérable et dirigeants richissimes !

Qui l’eut cru? Du scandale à l’ignominie à la place publique

Tout au long de décembre 2021, RFI a, chaque matin, consacré quelques minutes à décortiquer le rapport sur l’enquête dénommée Congo-Hold-up, minutieusement réalisée avec dix-neuf médias partenaires associés au consortium européen EIC et cinq autres ONG spécialisées (1). N’est-ce pas là, pour le congolais médusé, une bonne raison de s’exaspérer et de se lever unanimement pour enfin interroger les pratiques et d’aller en guerre contre ces dernières responsables de sa misère? Pendant que les milliards de dollars sont empochés par une poignée; sur toute l’étendue de la république, la grande majorité de congolais continue à trimer en conjuguant, sans succès, d’inlassables efforts pour faire face ne fût-ce qu’aux besoins de manger, de scolarisation, de santé, de sécurité…

Haut-les-mains, ce peuple s’exclame abandonné par ses dirigeants au profit de quelques étrangers, tout venants, qui trouvent leur addition exacte. On a lu que même pour des miettes, des responsables font perdre au pays des milliards de dollars qui pourraient contribuer à son développement. Par sadisme, ou par inconscience même ceux qui de par la débrouille tentent des petites activités pour leur survivance sont extrêmement traqués, voire asphyxiés par d’innombrables services étatiques jusqu’à leur extinction…

En effet, cette enquête a mis à nu deux décennies de kleptocratie (2) sans commune mesure. Du jamais vécu. L’enquête met solennellement en cause les dirigeants congolais en l’occurrence le pré-carré du régime de Joseph Kabila au travers des combines et complicités nationales et internationales soutenues par les banques nationales et autres structures financières planétaires. Elles aussi sont dans le collimateur de cette mafia innommable.

"Pas d’intérêt, pas d’action" dit-on en Droit
et en Développement "Pas de problème, pas de projet"

En ce début 2022, l’enjeu dans notre démarche de conscientisation est plus que jamais d’inviter les congolais à rester circonspects, à évaluer les temps/époques passés, à désormais s’initier à questionner toutes les pratiques et, certaines habitudes sociétales (parfois dégradantes). Sinon elles s’érigent de plus en plus en traditions et, à la longue, sont acceptées comme normales dans la vie du congolais et deviennent du coup difficiles à extirper (3).

Au demeurant, si après l’alerte sur des révélations combien troublantes/gravissimes, aucun relai des dynamiques nationales (associatives et institutionnelles) ne sourcille, ni ne se l’approprie; alors, il y a lieu d’en juger le degré prononcé (de l’effondrement) de l’obsolescence du congolais.

Et, puisque c’est de la grande corruption (4) qu’il est ici question, force est de rappeler que déjà au cours des analyses antérieures dans ce blog, pour prévenir ce drame à l’horizon, référence avait été faite à un journal chinois qui prophétisait presque que "si vous voulez tuer un pays, instaurez-y la corruption et, revenez-y vingt ans plus tard, ce pays n’existera plus". On pourrait même demander aux concernés en séminaire-ateliers, le loisir de fixer à partir de quand on commence à décompter les vingt ans.

Urgence d’initier la communauté à régulièrement questionner ses pratiques

Rompre avec la culture du silence conduit ipso-facto à la revendication légitime qui est une des voies royales pour faire prévaloir les droits d’une personne et/ou d’une communauté. C’est pourquoi, familiariser à questionner les pratiques est un exercice qui, en amont, devrait commencer par analyser les réflexes aussi anodins soient-ils dans la vie courante de société. C’est évidemment à travers les gestes en communauté, les rituels, et même le langage/vocabulaire que des attitudes en société ont pris corps. Elles y sont véhiculées ou tolérées, voire, régulièrement relativisées d’année en année. C’est par devers elles que sont ragaillardis de nombreux dirigeants/gestionnaires détourneurs des deniers publics. Pour avoir acheté deux ballons et des vareuses à une équipe de football du quartier ou pour avoir consenti à une quelconque assistance ponctuelle aux sinistrés en détresse/calamité/catastrophe naturelle, ils sont primés de mérites dans leurs contrées, et majestueusement classés notables du coin. 

Qu’importe la position qu’on occupe dans une société, dirigeant ou subalterne, l’habitude du "sehemu yangu" au règne de Joseph Kabila, qui signifie "quelle est ma part pour un dirigeant" a enfoncé le pays dans ce que vient de révéler aujourd’hui l’enquête ‘Congo Hold-Up’…
Si pour un policier de roulage, un taxateur d’impôt, un petit congolais c'est, par instinct de survie, que ces habitudes ont pris place dans son quotidien; par contre, pour les dirigeants, c’est bizarrement pour assurer leurs progénitures jusqu’à des dizaines de générations à venir. Ceux qui chutent au pouvoir amassent, sans état d’âme, vident les caisses de l’Etat jusqu’à arriver à en subtiliser abondamment pour toutes leurs progénitures futures (au lieu de penser à l’ensemble de ses administrés à l’exemple de feu Magufuli, ancien président Tanzanien). Ici je me réfère à un ancien gouverneur d’une Province qui disait à son collègue d’une autre: "N’ayez jamais froid aux yeux quand vous devez mettre la main sur l’argent de l’état", tout en se vantant de l’argent et des biens accumulés pour lui et pour sa progéniture…

Accoutumance faisant, ce jour, on intercepte même des jeunes gens diplômés en quête d’emploi en train de rêver, faisant l’apologie desdites pratiques en préméditant de s’aligner à ce modèle une fois aux affaires…  Très rarement l’on s’est arrêté pour poser la question sur le pourquoi des situations pendant que Warner (5)  nous recommande de questionner jusqu’à sept fois le pourquoi de ceci ou de cela pour se rassurer de la cause-racine avant de tabler sur les actions à mener. Dommage... Comme une hypnose collective, on est toujours resté sur l’homéopathique en justifiant certains comportements uniquement par la lutte pour la survie au détriment de toute moralité. C’est de plus en plus l’école de certaines personnes qui professent: "Gardez pour vous la morale mais laissez-nous le moral…"

Questionner nos pratiques, c’est éminemment un exercice qui, en aval, pousse à quitter définitivement le quiétisme (6). Le quiétisme entendu comme une contemplation quiétiste qui consiste à s’abandonner pour laisser faire l’esprit divin suivant les maximes des quiétistes ou des mystiques…
Dans certaines communautés on retrouve des coutumes et des interdits millénaires qui ont fini par enchainer ces mêmes-communautés jusqu’à les restreindre de se placer à la hauteur des mutations dans le monde moderne notamment en ce qui concerne la promotion de tout élan de développement autocentré (suite à la culture de la cueillette, l’instinct de servilité…) ou de la démocratie participative. 
Par contre, dans le processus de conscientisation populaire, la démarche de Paolo Freire nous aide en toute circonstance à affronter toutes les étapes normatives de passation d’une conscience naïve à une conscience critique. Car il va sans dire que "Plus on se distancie de la captation de la réalité, plus on s’approche de la captation magique ou superstitieuse de la réalité".
Inconsolable, face au désarroi congolais, un fatalisme s’est incrusté et il se conforte au fil des temps par un répit aux chambres de prières des sectes religieuses en expansion dans le pays. A tort ou à raison, pour certains, cette résignation serait le fruit d’un christianisme mal ou peu assimilé. Mais présentement, le point culminant de cette obsolescence du congolais est d’avoir en face une bonne partie de la jeunesse congolaise plongée dans la surconsommation des boissons fortement alcoolisées à longueur des journées. "Quelle décapitation!" pourrait-on dire...

Questionner nos pratiques c’est enfin, pour la RD Congo faire preuve de sa détermination d’identifier toutes les pratiques, déceler les bonnes des mauvaises comme pour séparer le bon grain de l’ivraie afin de rationaliser toute la vie de société.

En définitive

Pour 2022, le FPT offre aux animateurs de la communauté, juste un espace idéal pour discuter de toutes ces choses qui ont trait à leurs vies jusqu’à faire des simulations où les communautés peuvent être impliquées dans la recherche des solutions. Ce qui suppose au préalable de rompre avec la culture du silence qui empêche… C’est notamment partant de l’identification des problèmes-source de la société, de déceler leurs causes-racines, d’initier de manière consensuelle des plans locaux de développement et inviter à une participation régulière à l’évaluation de ce qu’on aura décidé de faire pour l’émergence d’un Congo digne au niveau de chacun des 157 territoires du pays.

Certes, dans pareilles ambitions, la formation des irrésistibles s’impose: des personnes correctes, vertueuses pour casser la tendance. Celles au gabarit de ce qu’Etienne Bisimwa avait dénommé le résiduel positif qu’on retrouve dans toutes les classes sociales et à tous les niveaux. C’est avec cette poignée que s’amorcerait une révolution positive, vivier de prédilection pour les dirigeants charismatiques qui vont travailler pour le bien-être de tous les congolais loin des slogans et des promesses somnifères.

Ceci ne pourra être un cadeau mais justifiera la lutte d’un peuple abandonné à lui-même et qui se sera pris en charge tel que prescrit à l’article 64 de la constitution du pays qui, bien au-delà de faire face à ce dérèglement sans relâche du système mais rentre plus vers la restitution du pouvoir à son détenteur premier, le Congolais.

La pédagogie de conscientisation enseigne comment chaque communauté sait bien ce qu’il lui faut et les efforts des animateurs se limitent à accompagner ces communautés en disposant le cadre et les conditions pour qu’ensemble elles réalisent leur rêve légitime de bien-vivre.

Questionner nos pratiques et les habitudes dans la communauté est le fondamental de la démarche de conscientisation collective. Ce n’est pas question de se jeter de pierre c’est du coup ramener à contextualiser les situations et à rationaliser au maximum l’agir dans la communauté.

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(1) Liste des médias partenaires: le réseau EIC (https://eic.network/), RFI, Mediapart, De Standaard, Le Soir, NRC, Der Spiegel, InfoLibre, Politiken, Expresso, VG, Nacional, RCIJ, Bloomberg, L'Orient-le Jour, BBC Africa Eye, KvF, The Namibian, The Continent, The Wire…
(2) Kleptocratie : En politique, régime politique où une ou plusieurs personnes à la tête d’un pays pratiquent à une très grande échelle la corruption.
(3) Cfr RD Congo… référence à "La théorie des vitres cassées" in http://alfajirikivu.blogspot.com
(4) Grande corruption pour désigner cette corruption pratiquée par les riches pas pour survivre mais pour accumuler 
(5) Lire "La Méthode de Mais pourquoi de Warner dans la pédagogie de la conscientisation sur la méthode dans l’identification des causes profondes de la situation"
(6) Cfr dictionnaire android

mercredi 19 janvier 2022

La RD Congo et… le Crabe

Comme dans un sprint, l’année 2021 vient de s’enfoncer dans le long tunnel sans fin de l’histoire. Elle laisse derrière elle sa cohorte de problèmes, de malheurs et des pleurs.

L’année 2021 aura été prolixe en événements malheureux: 4 coups d’Etats en Afrique subsaharienne, une ruade, un coup sec sur le nez et la bouche d’une démocratie au visage labouré. On craignait déjà un effet de contagion.

Quant à la RD Congo, elle présente l’image d’un crabe, cet animal de la classe des crustacés, fort mal connu du grand public qui redoute instinctivement le contact d’un organisme aux formes bizarres, revêtu d’une cuirasse, armé de pinces et dont les yeux mobiles sont toujours aux aguets.

Debout, il est difficile de savoir dans quelle direction le crabe se dirige, difficile de savoir où il va, c’est en cela qu’il ressemble à la RDC.

En ce début 2022 et au regard de 2021, rien ne présage de bonnes perspectives; la frilosité quasi générale envers le vaccin anti covid persiste, les naufrages à répétitions par-ci par-là dans le fleuve Congo, les lacs et rivières sans mesure préventives, des incendies d’agglomérations urbaines et rurales sans enquête sur leurs origines, des millions de déplacés de guerre sans espoir de retourner chez eux un jour, gestion calamiteuse et détournements des biens publics selon plusieurs rapports…. 

Des nuages et toujours des nuages

L’esclavagisme, le colonialisme, les dictatures, cela dure déjà depuis plusieurs siècles et l’on ne semble pas sortir la tête de l’eau.

Les chefs d’Etat qui se succèdent à la tête du pays n’ont aucune conscience de la noblesse de leur mission devant Dieu et devant tout le peuple. Avec des appétits insatiables, d’immoralité et d’arrogance envers le peuple qui croyait en eux; ils font honte !

Le peuple qui le regarde n’a plus que des yeux pour pleurer. Les Congolais ont ainsi appris avec stupeur le dossier horrible du "Congo holdup ".

Certes le détournement de l’argent public n’est pas une exception pour les chefs d’états africains mais monsieur Joseph Kabila a dépassé les limites imaginables par sa perte du sens des proportions qui l'amène d’une pente glissante au désastre.

Voilà ce qui arrive pour un pays quand un Président ou un dignitaire que rien ne destinait à être chef, se retrouve, avec le concours du hasard (et de grandes puissances agissant dans l’ombre…), au sommet d’un immense pays. Aucun sens de l’efficacité. Il prend tout ce qu’il veut, là où il veut, quand il  veut, et se mue en prédateur de la pire espèce !

L’avenir de tout un peuple devient fade. Le cauchemar a remplacé le rêve quand je me rappelle de l’explosion de joie de la population de Bukavu au Sud-Kivu lors de sa victoire électorale de 2006. Les témoignages sur le Congo holdup sont multiples, croisés et irrécusables!

C’est un braquage historique d’un total provisoire de 243 millions de dollars fait par l’ancien président de la RD Congo en l’espace des 5 ans (2016-2021) avec un petit cercle d’initiés, avec des complicités internationales, et cela au détriment de plus des 80 millions de Congolais dont la majorité vit avec moins de 2 dollars par jours (1)

Pleure, ô ma patrie

Quand le vent de la démocratie a soufflé sur l’Afrique avec l’onde de choc de la perestroïka en 1990, j’étais encore jeune, mais je m’en rappelle encore. Lors du sommet France-Afrique, tenu en France, un journal français avait titré à la une "Un faux monnayeur à Biarritz". Il s’agissait de Mobutu, ancien président du Zaïre (aujourd’hui  RDC). Il s’était transformé  en contrefacteur, lui, le président de la république, menant son propre pays -et lui-même- à la ruine. De la contrefaçon au braquage par deux chefs d’états d’un même pays, on ne peut qu’en pleurer !

Mobutu est parti de la manière que l’on sait, finissant sa vie dans la poubelle de l’histoire, laissant derrière lui, un pays à genoux économiquement.

Joseph Kabila, n’a rien appris de l’histoire, lui et d’autres dirigeants africains et, il est à craindre que son successeur, Felix-Antoine Tshisekedi, ne soit sur la même pente voire pire car que ce soit sur le plan économique, social ou sécuritaire le bilan est glaçant.

Tshisekedi, sur les traces de Kabila?

L’histoire nous apprend qu’après la mort de l’empereur Alexandre le grand au IVe siècle av. JC, l’empire hellénique subsista encore pendant environ 3 siècles avant sa chute face aux Romains.

Selon Machiavel, le conquérant grec laissa à la tête de l’empire des corrompus, ses obligés, arrivés tous au premier cercle du pouvoir par sa grâce. Ils s’organisèrent pour préserver la survie de l’Etat et, partant la leur. 

Quand on sait les conditions contestées et contestables par lesquelles, Felix-Antoine Tshisekedi est arrivé à la tête de l’Etat, on peut s’interroger sur sa vraie volonté de s’émanciper de celui qui lui a légué "le fauteuil présidentiel".

L’histoire nous rappelle aussi de l’accord intervenu entre Guillaume d’Ockam, philosophe et écrivain du XIVe siècle et un monarque de Bavière en Allemagne. Poursuivi pour hérésie, le philosophe va  chercher refuge auprès du souverain en froid avec Rome. Par cet aphorisme resté célèbre, le philosophe proposa au roi, je cite: "tu me défendras par l’épée, je te défendrai par la plume" (2).    

Tshisekedi pourrait protéger Kabila et, à la fin de son mandat, ‘même si son départ est incertain’, à bien observer, il pourrait chercher aussi un successeur qui lui ferait allégeance et du coup, aussi assurer sa protection après ses mandats. Et le cycle peut se perpétuer à l’instar de l’empire romain. Clin d’œil aux congolais.

Les rapports de l’IGF (3) et le budget adopté par l’Assemblée nationale laisse pantois tout analyste et brise tout optimisme. Les dépassements budgétaires de la Présidence de la République, de l’Assemblée nationale, du Sénat et des ministres font hérisser les cheveux .Des dépassements budgétaires dans tous les sens au Congo… Une telle gouvernance ne peut pas améliorer les conditions sociales de la population (4).  

 Un autre "Congo holdup"  serait-il en cours quand on se rappelle de la ténébreuse affaire du Registre des appareils mobiles (Ram) non élucidée, toujours en cours, et que des nombreux congolais considèrent comme une escroquerie d’Etat ?

L’insécurité : Un autre tendon d’Achille 

Encore, la RDC fait du surplace comme un crabe renversé qui peine à se relever. Après 18 ans de règne sans partage, Kabila n’a pu mettre sur pied une armée dissuasive, bien encadrée et bien entraînée.

A mon avis, il est impossible que la RDC émerge sans armée digne de ce nom au cœur de l’Afrique pour protéger sa population et ses diverses richesses, du reste potentielles: elle n’aura jamais la paix sans armée car, dit-on, "Mauvaise garde, le loup se nourrit".

Et mauvaise garde, la RDC en souffre et en souffrira encore. Tenez! Sur un budget d’environ 10 milliards des dollars américains pour 2022, seul 3,94% sont consacrés à l’armée et 3% à l’agriculture.

Malgré la présence de la MONUSCO (Missions des Nations Unies au Congo), les massacres des civils se poursuivent à l’Est. 2021 s’achève sur un bilan effrayant, des millions de Congolais vivent chaque jour la peur au ventre et 2022 ne présage rien de bon sur le plan sécuritaire. On ne peut pas compter sur l’intervention militaire ougandaise à long terme.

Avec 3,94% du budget national attribué à l’armée nationale, il est quasi impossible de défendre un pays comme la RD Congo et mettre fin aux massacres des masses! ‘ (Attention la question n’est pas que financière car en lisant le rapport sur l’état d’urgence dans l’est vous vous rendrez compte des choses plus grave encore dans le détournement des fonds alloués pour la sécurité et cela avec des complicités au sommet…)   

Les rapports des organisations de défense des droits de l’homme citent par exemple les massacres de 1137 civils de mai à novembre 2021 au Nord-Kivu et en Ituri, période de l’instauration de l’état de siège (5)

Au Sud-Kivu et dans la province de Tanganyika au Nord Katanga, les civils sont tués chaque jour, silencieusement, en dehors de toute couverture médiatique, et cette situation a déjà duré, trop duré.

Déjà en 1997, Emma Bonino, ancienne députée et commissaire européenne avait provoqué un malaise en soulignant que 280.000 personnes avaient disparu à l’Est de la RDC et que ces disparus correspondaient à la population du Luxembourg, un pays membre de l’Union européenne.

Interrogée par la télévision francophone TV5, elle avait déclaré: "Je sais très bien que tout le monde serait content qu’on mette une couverture sur ce qui se passe au Zaïre (RDC) ça arrange beaucoup de monde sauf que ça n’arrange pas la conscience d’une commissaire à l’aide humanitaire, on m’a demandé de faire mon travail et pas de couvrir des crimes."

Il y a déjà suffisamment de couvertures posées sur les crimes au Zaïre (RDC) (6)

Un quart de siècle après ces propos d’Emma Bonino, les couvertures posées sur des crimes en RDC se poursuivent. Le rapport Mapping des nations unies toujours scellé; la situation sécuritaire ne s’est guère améliorée. Et aucune lueur d’espoir ne pointe à l’horizon.

Quelques rares et empathiques députés de l’assemblée nationale ont même proposé que les honoraires des députés, des ministres et des sénateurs soient revus à la baisse pour améliorer les conditions sociales des militaires, mais ils n’ont pas été entendus et ne peuvent l’être. Devant la clameur des intérêts, la morale se tait, apprend-on.

Devant un tableau peu reluisant, il est peu probable qu’un pays comme la RDC prospère économiquement sans système de défense fort et dissuasif.

Les pays militairement forts se construisent par les richesses puisées chez les pays sans défense sûre. Les guerres de conquête et les colonisations n’avaient pas d’autres motifs et cela se vérifie aujourd’hui même. L’économiste anglais du XVIIIe siècle Adam Smith l’avait déjà démontré dans son ouvrage : "D’où viennent les richesses des nations?"

Les hommes politiques au pouvoir en RD Congo, devraient par un sursaut de conscience patriotique, reformer et restructurer l’armée et surtout la moderniser.

Une formation militaire de 6 mois devrait être requise à tout finaliste du secondaire avant de s’inscrire à l’université, c’est l’une des solutions intermédiaires pour soutenir l’armée et contrecarrer les incursions récurrentes des armées des pays voisins et leurs soutiens aux groupes armés qui maintiennent l’Est de la RDC à feu et à sang.

Les Congolais devraient comprendre que les moyens efficaces pour combattre le paludisme ne sont ni les antipaludéens ni les moustiquaires imprégnés d’insecticides. Il faut d’abord et surtout aller drainer les marais d’à côté. 

Et comme le crabe aux pinces toujours ouvertes, effrayer.

Mais les voisins (de la RDC) l’ont compris avant, elle, pas encore.

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(1) Mediacongo, Congo holdup, une enquête sur l’enrichissement illicite de Joseph Kabila, 19 novembre 2021
(2) Jean Jules Lema, journaliste congolais réfugié en France, article publié dans www.wakatsera.com
(3) Inspection Générale de Finances, Décembre 2021
(4) Marie France Cros, La Libre Belgique, 30 décembre 2021
(5) Rapport des ONG de défenses des droits humains cité par la voix de l’Amérique, capté  à Bukavu, le 16 mai 2021
(6) Emma Bonino, citée par Honoré Ngbanda, Crimes organisés en Afrique Centrale. Ed. Duboiris, Paris, 2004, p 18