vendredi 23 septembre 2016

Un dialogue de plus pour la RD Congo! Halte à la "négomanie"!

Attention

La convocation quasi-rituelle de longs "dialogues", "états généraux", "conférences", "séminaires", "ateliers" et autres "consultations" est une autre raison de la propension du Congo à l’inaction (1).
Ces propos du Professeur Peter Englebert tirés de son étude portant sur le bilan du règne de Joseph Kabila en 2015 viennent corroborer la "négomanie", telle que reprise dans une réflexion de CAPSA-GL intitulée "Ne pas avoir peur de dialoguer ni dialoguer par peur" (2). Ce néologisme exprime le fait de concession dans la négociation comme seul moyen de satisfaire ses intérêts.
C’est dans cet esprit de négomanie que la majorité présidentielle actuellement au pouvoir a rangé des dizaines de caciques du régime pour affronter l’opposition et la société civile à la cité de l’Union africaine en vue de tenter d’arracher une nouvelle légitimité susceptible de permettre au Président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au terme du 2e et dernier mandat.
En effet, sentant sa mandature cheminer lentement mais sûrement vers la fin et, devant une population désabusée, le pouvoir a d’abord opté pour les concertations nationales en 2013, ensuite pour des consultations nationales qui furent sanctionnées par une ordonnance présidentielle convoquant le dialogue politique pour des élections apaisées. Cette initiative est intervenue après que moultes tentatives de déverrouillage des textes légaux organisant l’accès à la magistrature suprême dans le pays aient échoué. Ces manœuvres sont de plus en plus observées dans le chef de nombre de dirigeants africains qui tentent de bricoler avec les limitations des mandats. En faisant valoir qu’en dépit de la constitution et autres dispositions légales, c’est de la volonté des populations qu’ils restent au pouvoir, car ils seraient les seuls capables d’assurer la paix et la stabilité dans le pays…

Il faut un dialogue national pour des élections apaisées!

Pendant que la société civile et l’opposition appuyées par les Nations Unies au travers de la résolution 2277 militent pour la tenue des élections dans le strict respect de la constitution, c’est en ces termes ci-haut titrés que la majorité présidentielle a longuement communiqué pour faire passer son message en faveur du dialogue et, entraîner dans sa stratégie l’adhésion la plus large possible.
Plusieurs arguments ont été avancés pour appuyer et justifier ledit dialogue tels que la question de financement des élections, la nécessité d’enrôlement de nouveaux majeurs et des congolais de la diaspora, l’impératif d’actualisation du fichier électoral déclaré corrompu…
Mais comme ces prétextes ne pouvaient à eux-seuls convaincre les millions de congolais qui vivent et suivent les choses au jour le jour, la majorité au pouvoir est passée à la vitesse supérieure allant jusqu’à rappeler les affres/spectres des violences connues lors des élections de 2011, élections contestées par l’opposition et où le Président Joseph Kabila était au coude à coude avec son challenger Etienne Tshisekedi.
Au cours des campagnes de sensibilisation pour le dialogue à travers toute la République, la majorité présidentielle a été jusqu’à déclarer que s’il n’y avait pas de dialogue, la RDC irait droit vers la guerre, avec les risques d’implosion du pays.
Pareil aveu n’a pas été perçu autrement qu’une déclaration de guerre par une population qui n’a pas seulement entendu parler de la guerre mais qui l’a vécue dans sa chair et qui en garde encore fraîches les stigmates. Un proverbe africain ne renchérit-il pas qu’on ne montre pas de corde dans la maison d’un pendu?
Entretemps, de véritables menaces sont subtilement propagées dans les médias: on exhibe les nouvelles acquisitions de matériel moderne anti-émeutes, on rappelle régulièrement les dégâts des pillages de 1991 comme une mise en garde en prévision de nouveaux troubles civils…
La rue ne cesse de se demander comment les cinq années ont pu s’écouler sans que le pouvoir n’ait pris quelconque mesure pour l’organisation des élections alors qu’elles sont légalement requises pour être tenues avant la fin 2016 ?
Le manque de volonté politique et l’irresponsabilité coupable dans le chef des dirigeants aux affaires est manifeste. Entretemps, d’autres opportunistes en quête de positionnement n’attendent qu’un compromis politique issu du dialogue pour enfin partager le pouvoir et ses dividendes après tant d’années d’écartement.
Tout de même, il y a lieu de se souvenir qu’il n’a pas fallu de dialogue national pour organiser les élections de 2006 et encore moins celles de 2011.
Si aujourd’hui, pour renforcer leur thèse, les tenants de l’actuelle logique du dialogue politique se réfèrent à l’accord global et inclusif de Sun City, ils n’ont pas moins à l’esprit qu’il y a eu des évolutions positives. Après deux législatures, le peuple congolais est en droit de jouir d’une certaine expérience de la pratique électorale, fruit de plusieurs années de luttes au prix de sacrifice de plus de 4 millions de morts. Aujourd’hui, la RD Congo s’apprête à un troisième exercice électoral pour une véritable alternance démocratique. Les analystes politiques, estiment que l’actuel Président devrait se prévaloir d’un actif considérable pour avoir conduit la démocratisation du pays (question de considération et d’accomplissement de soi tel que mentionné dans l’échelle de Maslow (3)).

Les exigences de la majorité présidentielle, une gageure manifeste pour l’alternance

Dans l’ensemble, pour tenir le dialogue, quelques dispositions méthodologiques minimales ont été prises pour mettre en confiance les participants. Afin d’éviter la peur du dialogue ou au contraire le dialogue par peur. La facilitation assistée par une co-modération de l’opposition et de la majorité présidentielle, un ordre du jour limité aux élections, l’équilibre entre le nombre des participants de la majorité avec celui de l’opposition, le timing des travaux (15 jours) pour ne pas tirer en longueur, la libération de quelques prisonniers politiques et d’opinion furent autant de mesures de décrispation exigées par la communauté internationale et une partie de l’opposition. A l’entame du dialogue, il restait pourtant encore un certain nombre de prisonniers et médias non libérés…
Mais l’absence du G7 et du rassemblement de l’opposition, la rétractation de l’UDPS renforcée par une faible représentation des Provinces, ne permettront pas de rendre ce Forum inclusif comme il eut fallu pour permettre une réelle appropriation de ses résolutions. Le dialogue aura majoritairement réuni des kinois au détriment d’une grande majorité silencieuse.

Des matières à négociation entre majorité présidentielle, opposition et société civile

Si en 1990-92, la Conférence Nationale Souveraine et aujourd’hui les débats de l’Assemblée nationale sont diffusés en direct sur les chaînes de radio et télévision pour informer la population de l’évolution des débats, cela n’est pas le cas pour ce dialogue, malgré la demande de la population et de l’opposition. Ce qui a suscité des suspicions de manque de transparence. Certains crieront tantôt au complot contre la nation, tantôt à la comédie, allant jusqu’à parier sur l’inopérationnalité des résolutions qui n’engageront que leurs signataires. L’UDPS, le G7 et le rassemblement de l’opposition anti-dialogue promettent de se liguer contre toute résolution jugée d’avance anticonstitutionnelle à partir du 19 septembre 2016.
L’intégralité des discussions du dialogue n’ayant pas été portée à la connaissance du grand public, ce sera dès lors à partir des quelques petites bribes d’informations récoltées ça et là, qu’on apprendra que la majorité présidentielle a milité mordicus pour amener les participants à s’accorder sur l’impossibilité d’organiser les élections dans le délai constitutionnel. Et ainsi, conduire au glissement tant souhaité par la majorité présidentielle. Ensuite, les tractations ont porté sur les trois scénarios possibles de révision du fichier électoral et enfin, sur la chronologie des échéances électorales. Faudra-t-il commencer par les présidentielles ou par les locales? Les avis divergeaient entre majorité et opposition.
A propos du scénario à privilégier, il a fallu départager les protagonistes entre la révision totale du fichier électoral, l’aménagement du fichier de 2011, ou encore le montage d’un tout nouveau fichier. Il était question dans ce dernier scénario, pour la majorité présidentielle, d’intégrer les nouveaux majeurs et les congolais de l’étranger. Il serait impératif pour cela d’allouer plusieurs mois supplémentaires voire des années, pour y parvenir.
Le second front des négociations a porté sur la hiérarchisation des échéances électorales. Pour l’opposition, il fallait prioriser les présidentielles couplées aux législatives nationales. Suite à l’opiniâtreté de la majorité présidentielle, le dialogue a opté pour l’organisation de tous les scrutins en un seul jour. Avant d’adopter cette résolution, les opposants présents au dialogue ont dû momentanément claquer la porte jusqu’à ce qu’un compromis portant sur la tenue de tous les scrutins au même jour se dégage.

« Omur’hi orhakube onagunywana » dit-on!

L’opposition clame tout haut que "la politique de la chaise vide ne paie pas". Dans notre cas précis, le proverbe ci-dessus, inspiré de la sagesse Shi serait le mieux indiqué. Il enseigne qu’"un arbre que tu ne peux abattre, pactise-avec lui". Autrement dit, quand on se trouve devant plus fort que soi, on compose avec lui. C’est visiblement l’option de l’opposition et la société civile présentes au dialogue. Sinon, comment comprendre que ces dernières n’aient pas eu à l’esprit que le camp adverse était en fin de mandat et qu’ils se trouvaient en face des matières constitutionnellement non négociables, et donc en position de force pour négocier valablement et arracher d’importantes concessions dont l’alternance attendue par des millions des congolais? Comment ne pouvaient-ils pas mettre les dirigeants devant leur responsabilité en face de l’histoire, c’est-à-dire celle de n’avoir pas organisé les élections dans le temps et les contraindre à faire profil bas? Comment n’avoir pas brandi nombre d’irrégularités et de violations de droits humains et de la Constitution telles que monitorées par les organisations citoyennes? On peut dire que la société civile et l’opposition ont affiché peu de cohérence, peu de fermeté et beaucoup de complaisance.
C’est pourquoi, l’entrée surprise de Vital Kamerhe dans le jeu en tant que co-modérateur au compte de l’opposition n’a pas été vue d’un bon œil par une frange de l’opposition. Plusieurs milieux politiques n’ont pas hésité à le qualifier de traître et l’accusent déjà d’avoir négocié le poste de Premier Ministre pour piloter la transition qui découlerait du dialogue. Les critiques les plus acerbes sont allées jusqu’à affirmer que Vital Kamerhe n’a jamais été un véritable opposant et qu’il n’aurait fait que duper son monde et jouer un double jeu pour protéger l’actuel pouvoir.
Le 13 septembre 2016, au retour de la partie de l’opposition qui s’était retirée du dialogue, il a été publié à la une des journaux (4) : Kamerhe offre un troisième mandat à Kabila. Sous ce titre le chroniqueur écrira ceci : « Coup de tonnerre en RDC. Grâce à la révision complète du fichier électoral concédée à la majorité présidentielle par Vital Kamerhe et la frange de ‘l’opposition’ participant au dialogue, Joseph Kabila se voit octroyer de fait un troisième mandat, sans élection et en dehors des clous de la Constitution ». A ce sujet, la CENCO qui est de ceux qui ont invité les Congolais à prendre part au dialogue ne s’est plus prononcée …
En stratège astucieux, le pouvoir actuel a depuis quelques années placé la société civile et l’opposition dans une position de quasi-rationnement et de privations drastiques. Etre invité et accepter de partager le pouvoir au travers d'une transition c’est «se précipiter pour des miettes tombées de la table du pouvoir!».
Et quand, devant cette amnésie collective, Perriello l’envoyé spécial d’Obama, éveille la conscience des congolais, c’est dans les médias officiels que le pouvoir tire sur lui à boulets rouges.

Un accord politique pour sanctionner le dialogue

Nous avons l’habitude de ce genre d’accord final, fruit de compromis politiques au terme d’un dialogue. Il est souvent de courte durée. Les compromis par ailleurs utiles ne se révèlent souvent n’être que de vulgaires compromissions!
Pour l’évaluer justement, il faut préalablement en jauger la teneur au regard des exigences de la Constitution (valeur juridique), de la paix sociale menacée et de la plus-value qu’il donne en termes de cohésion nationale. Les Congolais devront savoir que le présent accord en chantier, n’a rien en commun avec l’accord global et inclusif de Sun City (2002) axé principalement sur le partage du pouvoir (5) après des années de guerre. Car il s’agirait alors purement et simplement d’un cautionnement d’un coup d’état constitutionnel. Il convient donc d’inviter les protagonistes à la plus grande prudence, et ne pas tomber dans ce piège (ce ne serait pas nouveau de voir le pouvoir mettre sur la table des négociations la perspective d’un Gouvernement d’Union nationale qui dégarnirait l’opposition et la société civile.)
Et il ne faudrait pas non plus que cet accord soit la base de nouveaux problèmes. L’absence d’inclusivité réelle aura consacré la bipolarisation de la société. Du coup son opposabilité à tous sera remise en cause.
En outre, si déjà avant que son contenu ne soit promulgué, l’accord en perspective est boudé par une partie de la population et accusé de couvrir le glissement, comment l’opération dialogue ne serait-elle pas taxée de blanchisserie, d’un acte de menace pour rendre de facto caduque l’actuelle constitution ? Le dialogue politique et l’accord politique qui en découle ne seront venus que pour renforcer le pouvoir de Joseph Kabila.
Enfin, les opposants et les milliers d’anti-dialogues, qui envisagent de multiplier les manifestations de contestation sur l’ensemble du pays, estiment que, n’avoir pas clairement statué sur le sort du Président sortant au terme de ses deux mandats constitue la faille majeure de ce processus de dialogue. Ce qui pour eux, confirme que le Président sortant est lui-même le problème et non la solution.

Oui, on aura dialogué, et après, quoi?

Les dialogues (6) politiques qui se sont succédés ont englouti d’importants moyens du contribuable Congolais mais par la suite, les résolutions n’ont pu connaître d’application que quand des pressions de tous ordres (nationales et/ou internationales) ont été exercées sur les dirigeants. Cela parce qu’en fait, à côté d’un accord rendu public, il y a souvent d’autres termes secrets qui lient entre eux les grands lobbyings avec les véritables tenants du pouvoir…
Cela fait craindre le pire pour la suite. Ainsi, les différentes guerres de l’Est de la RD Congo se sont souvent justifiées par le non-respect des clauses de tel ou tel accord. C’est le cas de l’accord de Lemera, celui de l’accord global et inclusif avec le CNDP de Nkunda, ou encore celui passé avec le M23 lors de la Conférence de Goma…

Après ce dialogue, rien ne sera plus comme avant pour la classe politique du Congo et forgera à coup sûr une nouvelle configuration de l’opposition. Des anciens de l’opposition seront indexés. Il ne manquera pas non plus d’aigris du côté de la majorité présidentielle quand ils seront mis de côté pour dégager de l’espace pour les nouveaux ralliés à la dynamique du Pouvoir.
A l’heure où se termine ce dialogue politique dans lequel certains avaient placé tous leurs espoirs, les indicateurs du pays sont au rouge. Attendre du positif de l’accord semble à coup sûr illusoire.
Alors que la troïka stratégique de la RD Congo vante l’amélioration du cadre macro-économique, le dernier rapport du PNUD reprend que plus de 80% des congolais vivent avec moins de 1 dollar par jour.
Tous les secteurs sociaux sont relégués au dernier plan, le bradage des ressources extractives se poursuit, la grande corruption avec des enveloppes sous-table à la base de l’enrichissement de certains dirigeants n’est plus à cacher, l’insécurité toujours grandissante et non maîtrisée bat son plein ces derniers jours. Bref, la crise de la souveraineté dans de nombreux secteurs vitaux est plus forte que jamais…
Face à cette réalité, lors de la dernière rentrée parlementaire de la Chambre haute du Parlement, le Président du Sénat n’a-t-il pas évoqué ce paradoxe qu’à l’heure actuelle : « la RDC vit dans une insolente richesse face à une insoutenable misère ? » (Après les dernières émeutes de Kinshasa, les experts ont même avoué que ces troubles ne seraient pas tant liés à la demande de l’alternance mais bien plus à la misère criante et aux inégalités sociales monstrueuses des faubourgs et banlieues de Kinshasa)
Et, alors que toutes les parties au dialogue venaient de s’accorder sur le financement des élections, le ministre Alexis Tambwe, co-modérateur du côté de la majorité présidentielle a annoncé à l’opinion nationale que l’on va financer uniquement les élections pour ne plus construire les hôpitaux, les écoles ni promouvoir le développement!
Au cours de ce dialogue politique, la majorité présidentielle a pris pour argument (et en otage?) les 8 millions de nouveaux majeurs à enrôler, alors qu’en réalité aucune politique sociale de résorption du chômage des jeunes cadres universitaires n’a été mise en œuvre, ni même pensée, durant les trois quinquennats. Ces milliers des jeunes sont abandonnés à leur sort. Nos enfants terminent leurs études universitaires sans emploi et il n’est pas rare de trouver ces jeunes universitaires engagés comme sentinelles, domestiques ou vendeurs de pacotille à travers la ville juste pour avoir un peu à manger... Mais subitement, le pouvoir se soucie de leur droit démocratique à voter…
Pour justifier l’érosion des millions de dollars collectés annuellement pour l’organisation des élections pendant les deux quinquennats, la majorité présidentielle a déclaré au dialogue que l’argent avait dû être affecté aux fronts militaires de l’Est pour combattre l’insécurité créée par le M23. Pourtant, jamais le parlement n’en a fait cas dans ses sessions budgétaires.
Il est troublant de constater qu’après leur défaite, les résiduels du M23 n’ont jamais été traqués. Par contre, aujourd’hui, ils se sont constitués en parti politique et font partie de la majorité présidentielle… Pour les intégrer et réduire leur pouvoir de nuisance, se justifiera à coup sûr le pouvoir. Ou pour, une fois de plus, introduire le loup dans la bergerie?
Comment éviter que demain, on n’use encore de pareil artifice, se targuant de pareille jurisprudence pour qu’une fois encore, la lutte contre l’insécurité, causée cette fois par les ADF/Nalu Ougandais qualifiés de terroristes islamistes, n’empêche le financement d’élections reprogrammées?

Exhortation !

La souveraineté et l’opposabilité des résolutions de ce forum n’ayant pas été négociées et décrétées dès le début, la tâche prioritaire du groupe de soutien au dialogue est de travailler sur la viabilité et sur la valeur contraignante de l’accord.
Ceci étant, toutes les autres questions importantes que le Dialogue aura gardées en suspens pour donner la priorité à celles relatives à la tenue des élections, notamment l’imminence de la reconfiguration de la CENI réclamée par l’opposition, devraient absolument faire partie intégrante des grandes décisions futures.
Enfin, qui sera cet oiseau rare, ce Premier Ministre rassembleur capable de conduire une courte transition gérée de manière consensuelle avec comme mission primordiale l’organisation d’élections qui pourront sauver le Congo ?
En ce moment, des tractations de coulisses se déroulent et personne ne pourrait empêcher le chef de l’état Joseph Kabila d’en signer l’ordonnance. Plus que jamais le peuple congolais est invité à plus de sérénité car, à ce moment charnière, l’heure semble à la provocation pour justifier tout coup de force de part et d’autre. L’actuel pouvoir ne semble pas vouloir céder devant une opposition appauvrie et divisée et une population en colère. Ne nous y trompons pas, toutes les concessions faites: la révision du fichier électoral en y intégrant les nouveaux majeurs et les congolais de l’étrangers (malgré le temps que ça prendra), l’acceptation de passer tous les scrutins en une seule journée, mettant en main de l’électeur des bulletins volumineux de candidats (7), avoir accepté de mettre sur pied un gouvernement d’Union nationale piloté par un opposant… tout cela ne relève que de la recherche de la paix, évitant les multiples provocations (en swahili : kuepuka mihali).


Mais le dernier mot revient toujours à la population qu’il faudra organiser pour éviter de rater le virage de notre démocratie. Le pouvoir actuel a montré toutes ses limites. Même si on lui accordait encore une dizaine d’années, il ne pourrait impulser le développement de ce pays. Il ne se cabre que pour protéger les privilèges d’une caste et éviter les poursuites une fois l’immunité retirée par la fin de mandat.
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(1) Dr Pierre Englebert, professeur H. Russell Smith des relations internationales et professeur de politique africaine à Pomona Collège 
(2) Réflexion publiée le mercredi 1 juillet 2015 sur Alfajiri Kivu Blog du Capsa - Grands Lacs
(3) Abraham Maslow, Psychologue américain (1900-1970) qui a proposé une hiérarchie pyramidale des motivations déterminant le comportement humain, en y rattachant notamment les besoins de sécurité, d'amour et de sentiment d'appartenance, de compétence, de prestige et de considération, d'accomplissement de soi, de curiosité et de compréhension.
(4) Voir le lien : http://www.afrik.com/rdc-kamerhe-offre-un-troisieme-mandat-a-kabila
(5) L’accord global et inclusif de Sun City en 2002 a doté la RD Congo d’un Gouvernement atypique quadri céphalique de 1+4 : Joseph Kabila et 4 Vices-présidents émanants des 4 composantes des négociations ouvertes.
(6) Conférence Nationale Souveraine 1992, Consultations Nationales, Concertations Nationales 2013, forum…
(7) A envisager: 2 pages de bulletin de vote pour des dizaines de candidat président, 12 pages pour des milliers des candidats des députés nationaux, 20 pages pour des milliers des candidats provinciaux, des conseillers communaux ceux des chefferies… Allez-y comprendre quelque chose...