Le pouvoir Kabila a tenté plusieurs
stratégies machiavéliques voire cyniques pour se maintenir au pouvoir, mais en
vain! Le peuple est resté exigeant quant à l’organisation des élections et
l’a parfaitement bien exprimé par des grandes manifestations publiques, souvent réprimées
dans le sang... Bon gré, mal gré, un calendrier les projetant au 23 décembre 2018
fut publié par la CENI.
Aussi longue que peut paraître une
nuit, le soleil finit par apparaître. Le compte à rebours avait donc
commencé; l’on avançait à tâtons avec plus de peurs et d’incertitudes
sur la tenue effective de ces élections à la date prévue, sur leur caractère
transparent, démocratique et libre. La CENI, organe habilité à l’organisation
électorale, ne rassurait plus les citoyens. Ses attitudes et ses agissements souvent
inconsensuels pêchaient contre l’indépendance dont elle se réclame à corps et à
cris. Mais plus les jours avançaient plus les espoirs s’estompaient; l’on
y croyait de moins en moins et la pression populaire croissait tous
azimuts; comme qui dirait, plus on monte en altitude plus la confiance
diminue d’un degré…
Mentez, mentez, il en restera quelque chose…
L’année à peine a fini sa carrière, disait Alphonse de Lamartine dans son célèbre poème « Le Lac » et il n’y a pas eu moyen que 2018 suspende sa course. 2018 s’est vécu et terminé sur des vifs questionnements: « Les élections auront-elles lieu ou pas?... ». La CENI ainsi que le pouvoir ont tenté de rassurer mais pas sans peine. Les paradoxes ont été nombreux: à une semaine près du jour-J, l’entrepôt de la CENI a pris feu à Kinshasa laissant consumer des milliers de machines et autres outils électoraux (dixit la CENI). L’origine du feu n’a jusqu’aujourd’hui pas été déterminée.
Le pouvoir a refusé d’accréditer les observateurs occidentaux (UE et USA) à l’exception de ceux de la SADC. L’ambassadeur de l’UE a été expulsé et à 3 jours de la date du scrutin, soit le 20 décembre, la CENI a annoncé sueur à la main le report des élections du 23 au 30 décembre, soit sept jours plus tard en avançant trois motifs majeurs jugés d’ailleurs superfétatoires et fallacieux :
Le pouvoir a refusé d’accréditer les observateurs occidentaux (UE et USA) à l’exception de ceux de la SADC. L’ambassadeur de l’UE a été expulsé et à 3 jours de la date du scrutin, soit le 20 décembre, la CENI a annoncé sueur à la main le report des élections du 23 au 30 décembre, soit sept jours plus tard en avançant trois motifs majeurs jugés d’ailleurs superfétatoires et fallacieux :
- logistique (faute de l’incendie de l’entrepôt de Kinshasa),
- le virus Ebola à Beni dans le Nord-Kivu
- et l’insécurité.
Tout cela a alimenté de vives inquiétudes et mêmes des tensions à travers le pays. Mais le peuple congolais n’a rien lâché… Il s’est imposé la patience, la détermination et surtout la retenue pour éviter de prêter le flanc au régime qui cherchait mordicus un alibi ou une échappatoire. Tout le pays était donc suspendu à la date du 30 décembre et cela devenait une question de vie ou de mort nationale. Pendant ce temps des supputations sont allées dans tous les sens, les unes augurant une démission éventuelle des animateurs de la CENI avant la date des élections, d’autres annonçant une guerre qui compliquerait la donne, surtout qu’il y a eu en ce moment précis des mouvements militaires intenses à travers tout le pays. Ceci prêtait à beaucoup d’associations d’idées et d’interrogations ; d’autres enfin évoquaient des stratégies cyniques pour éviter les élections. Au niveau régional, on a constaté de vives tensions entre le Rwanda et le Burundi, ce qui ne paraissait pas anodin non plus connaissant l’histoire récente et l’implication malencontreuse de ces pays en république démocratique du Congo… mais encore une fois les congolais n’ont rien lâché.
Campagne électorale ou campagne de dupes ?
A malin, malin et demi!
La campagne électorale s’est déroulée dans un climat d’incertitude et de duperie surtout pour les candidats du pouvoir qui, de ce fait, avaient du mal à s’identifier comme tel ou à dévoiler le nom de leur candidat président qui du reste était le dauphin de Kabila, Emmanuel Ramazani Shadari, que la population a diversement stigmatiser en lui collant des sobriquets du genre : «défunt Shadari», «Chantal», «le tilapia Shadari», «monsieur coup sur coup», etc. Toute ces expressions pour exprimer le ras-le-bol contre le régime et son système de gestion de la république.
La campagne électorale s’est déroulée dans un climat d’incertitude et de duperie surtout pour les candidats du pouvoir qui, de ce fait, avaient du mal à s’identifier comme tel ou à dévoiler le nom de leur candidat président qui du reste était le dauphin de Kabila, Emmanuel Ramazani Shadari, que la population a diversement stigmatiser en lui collant des sobriquets du genre : «défunt Shadari», «Chantal», «le tilapia Shadari», «monsieur coup sur coup», etc. Toute ces expressions pour exprimer le ras-le-bol contre le régime et son système de gestion de la république.
Par ailleurs, ce comportement des
candidats de la majorité présidentielle extériorisait le malaise qui ronge
discrètement voire profondément cette famille politique depuis plusieurs mois
et surtout le désaccord de beaucoup d’entre eux sur la désignation unilatérale
et inattendue de Shadari comme successeur à Joseph Kabila. Les plus audacieux
de cette majorité qui ont battu campagne ont eu du mal à vendre leur projet de
société étant donné le bilan négatif de 17 ans du régime Kabila caractérisé par
une misère criante et les conditions de vie inhumaines de la population. Comme pour dire
que nos actes nous accompagnent.
Le candidat Shadari a battu sa
campagne sous le terme de la continuité de l’œuvre de Kabila, mais pour le peuple cette continuité
signifiait la suite de la misère qui lui a été imposée durant tout le règne:
l’insécurité permanente, l’absence de l’électricité et de l’eau
potable, le non accès aux soins de santé de qualité, le chômage accru, les
salaires insignifiants difficilement acquis (sida), les mauvaises conditions
socio-économiques des militaires et policiers, la prise en charge des
enseignants par les parents d’élèves, l’impunité, l’injustice, l’enrichissement
illicites, les conflits fonciers, l’état désastreux des routes, les
tracasseries fiscales, les viols et tueries massifs, etc.
La plateforme électorale du
pouvoir, le Front Commun pour le Congo (FCC) a beau distribuer de
l’argent, des pagnes de valeurs, des t-shirts, des chapeaux, de la nourriture
et autres biens ainsi que des promesses fallacieuses, mais hélas… tout cela n’a
pas convaincu les électeurs à en croire les résultats affichés par les
différents bureaux de vote après les élections du dimanche 30 décembre : un
vote sanction. Toute la campagne s’est passée dans une ambiance électrique mettant
en mal de positionnement les collabos du pouvoir en place ; une sorte de
règlement de compte du peuple aux gouvernants.
L’occasion était enfin arrivée pour
l’opposition politique de prendre sa revanche contre le pouvoir. Elle n’a fourni
aucun effort pour convaincre les électeurs: la situation socio-politique avait
préalablement joué en leur faveur, il lui a fallu seulement un peu de populisme et
l’espoir de la victoire électorale devenait un rêve nourri.
Pourtant cette opposition portait
aussi des tares réfragables susceptibles d’influencer le vote du peuple. Il
s’agit notamment de leur incapacité de s’entendre et de formuler un seul projet
de vote autour d’une seule candidature. Il y a eu des tentatives en ce sens
mais dans leurs rencontres en Afrique du Sud et à Genève, tous manquaient de
sincérité. A malin, malin et demi. Leurs égos étaient plus fort que la volonté
de s’unir. C’est ainsi qu’in fine, il en est sorti deux camps : celui de
Nairobi avec Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe, les déçus de Genève appelé
« Camp pour le changement (CACH en sigle)» et celui de la coalition, Lamuka (levez - vous) avec Martin Fayulu, la surprise de Genève, Jean-Pierre Bemba,
Katumbi, Adolphe Muzito... les exclus du processus électoral.
Le vote sanction du 30 décembre 2018
Est pris qui croyait prendre! Oui. On peut tromper une partie du peuple pendant un temps mais on ne peut pas
tromper tous les peuples tous les temps.
Beaucoup de candidats au pouvoir
n’ont pas été vigilants et assez perspicaces pour bien lire les signes du
temps. Ils se sont laissés duper par les discours sardoniques du peuple qui les
adulait et les donnait d’ores et déjà gagnants des élections. Des discours du
genre « honorable, ulisha pita »
du swahili qui signifie en français « honorable,
tu es déjà passé comme élu … » Quelle moquerie populaire!
En réalité, le peuple, pour la
plupart, savait qu’il ne voterait pas pour les candidats du régime, qu’il lui
fallait un renouvellement de la classe politique mais stratégiquement il ne
fallait pas ne pas laisser passer l’argent de ces gars-là. « Ils nous ont
beaucoup et longtemps pillé, c’est notre unique occasion de reprendre quelques
billets et biens… » s’en convainquait le peuple (électeurs et non
électeurs à la fois).
La stratégie a bien marché car à en
croire le dépouillement électoral, rares sont les dignitaires qui se sont fait
réélire. Tout au long de la campagne électorale, les acteurs de la société civile
ont lancé et soutenu plusieurs campagnes de sensibilisation électorale du genre
« zéro élu réélu », « effaçons le tableau », « Tubakule na tuba kwepe » qui se
traduit littéralement en français « prenons tout ce qu’ils nous donneront
et sauvons-nous d’eux » etc.
En dehors d’un tripatouillage
électoral éventuel, beaucoup d’entre eux, si pas tous, ne devraient plus se
retrouver sur la scène politique à travers les élections démocratiques,
transparentes et libres. Il suffit de voir les résultats à la présidentielle
pour s’en convaincre. Le candidat de la majorité présidentielle, Emmanuel
Ramazani Shadari, est sorti 3e loin derrière les deux opposants favoris,
Félix Tshisekedi et Martin Fayulu. Pourtant, on n’organise pas les élections
pour les perdre se disaient-ils.
Alors que les candidats du pouvoir
pensaient distribuer de l’argent au peuple pour acheter leurs consciences et
par là, leur vote ; ce dernier a effectivement bouffé l’argent des politiciens mais n'a pas voté pour eux pour autant. Ceci paraît comme un
avertissement pour les prochaines élections, ceux qui voudront se faire élire
devront préalablement savoir ce que veut le peuple, ce que demande le peuple. Il est
clair avec ces élections passées que l’argent n’est plus une garantie pour se
faire élire.
A bon entendeur salut !