jeudi 28 mars 2013

Déflagration ou scissiparité du M23: quelle histoire ?

Les politiciens semblent atteints d’amnésie.

Et la population congolaise est affaiblie par l’usure quand, 15 ans après la réédition des mêmes exploits de guerre dans l’Est de la RD Congo, plusieurs médias présentent à la une de leurs journaux la désintégration, la dislocation ou encore l’éclatement ou l’explosion du M23.

Tous ces termes signifient littéralement la même chose ou presque, mais ne peuvent en aucun cas traduire correctement la situation qui se profile dans le Nord Kivu où des combats violents opposent deux factions dites rivales du M23; combats qui créent encore une fois de plus une grave catastrophe humanitaire pour une population qui a déjà trop souffert.

Pour mieux comprendre ce qui se passe au sein du M23...


... il convient de se souvenir de l’histoire de 1998, quand deux ans après la prise du Congo Kinshasa, le président Laurent Désiré Kabila remerciait les coalisés rwandais et ougandais en leur demandant de rentrer chez eux.

Ces derniers lui retournèrent les canons et déclenchèrent immédiatement une opération militaire aéroportée de l’extrême Est (Goma)  à l’extrême Ouest (Kitona). Ce fut la première guerre. Elle ne s’est jamais vraiment terminée jusqu’à ce jour car elle n’a fait que se métamorphoser au fil des années.

Avec l’appui non voilé des quelques anglo-saxons, il se formalisa un mouvement hybride, le RCD, qui gouverna près de la moitié du pays cinq ans durant à partir de Goma pris pour capitale/siège de ses institutions. Il a exercé pleinement le pouvoir dans presque tous ses attributs et avec une forte implication du Rwanda voisin.

Non respect des accords par le Gouvernement: un motif passe-partout en tout temps et en tout lieu


Le motif déclaré pour cette guerre d’agression fut le non respect par l’AFDL des accords de Lemera, accords dans lesquels il était entendu qu’à l’issue de la guerre contre Mobutu, le sol et le sous-sol congolais appartiendraient à l’AFDL et que son exploitation devrait en être faite par les forces alliées dont le Rwanda et l’Ouganda. Ce qui fut fait par ces pays au travers de l’exploitation des ressources naturelles dont le coltan, l’or, le bois, le café mais aussi les taxes administratives, domaniales et d’importation… Les signes visibles indéniables de cette exploitation sont la reconstruction éclair du Rwanda et de l’Ouganda.

A ce stade là, ce fut suite aux efforts inlassables et persistants de la société civile du Sud Kivu et de la ferme volonté des Congolais de ne pas accepter la partition du pays que finalement des pourparlers de paix furent enclenchés, sur fond d’un plan de paix élaboré par la société civile du Sud Kivu. Et, enfin, la Communauté Internationale s’est impliquée dans le processus de Lusaka, de Gaborone, de Sun City…

Un stratagème qui a toujours porté


Hélas, quand enfin on est arrivé à ficeler un accord de partage de pouvoir qui prévoyait l’intégration des ex-rebelles dans les fonctions d’administration et dans les services de sécurité dont l’armée et la Police Nationale congolaise, quand une loi d’amnistie fut votée en leur faveur, quand le retour indéfini des réfugiés rwandophones fut acté, quand la reconnaissance des actes juridiques officiés pendant l’agression fut gagnée… une faction de ce mouvement fit marche arrière, refusa les accords pour maintenir une aile armée en standby…

Ce scénario s’est répété chaque fois que le pays s’est trouvé dans des phases extrêmes d’accomplissement des étapes essentielles des réformes engrangées. Concrètement, en 2004, quand, aux termes des négociations, le colonel Laurent Nkunda fut élevé au rang de général d’armée congolaise, il accepta mais il refusa rapidement l’affectation sur Kinshasa pour y exercer ses nouvelles fonctions. Il préféra continuer à superviser le CNDP et administrer les mêmes espaces qui constituent encore aujourd’hui le fief du M23. Et après ce refus de se rendre à Kinshasa, son groupe a mené une guerre sans merci aux institutions dans le Nord Kivu (…) et finti par prendre la ville de Bukavu en juin 2004 à la barbe de la MONUC, l’actuelle MONUSCO… Le refus de Nkunda de se rendre à Kinshasa s’est généralisé à l’ensemble des troupes sous son contrôle. Elles refusèrent catégoriquement d’être permutées dans des provinces autres que celles proches du Rwanda, du Burundi, et de l’Ouganda. Devant la proposition de brassage de leurs troupes avec les troupes du gouvernement, afin de constituer une armée nationale réformée, ces derniers imposèrent plutôt le mixage…qui leur permettaient de constituer des régiments entiers homogènes dans les territoires de l’Est du pays. 

Voilà comment les premiers balbutiements pour la constitution d’une armée républicaine furent sabotés et annihilés. Il en sera de même quelques temps plus tard en ce qui concerne la Police de proximité définie comme nouveau mode opératoire de la Police Nationale congolaise. Ils lui préféreront plutôt des unités de police collées aux entités territoriales qu’ils administraient contrairement aux recommandations du rapport de GMR3, commandité par le gouvernement et les partenaires.

Enfin, quand le général Nkunda s’est trouvé dans le collimateur de la Cour Pénale Internationale (CPI) après ses multiples crimes de guerre perpétrés sur les populations congolaises, son mouvement n’a pas trouvé d’autres moyens de le protéger que de faire mine de l’éjecter, de remettre le bâton de commandement à Bosco Ntaganda, un autre général de la même configuration ethno-politico-militaire et aux mêmes performances de va-t-en-guerre. Le général félon Nkunda alla s’enkyster au Rwanda, en lieux sûrs, pour sa totale sécurité. C’est naturellement au Rwanda où tous se réfugient pour leur protection.

Après 3 ans à la tête du CNDP, le successeur de Nkunda, Bosco Ntaganda est à son tour nommément pointé par la CPI dans la même affaire qui transporta Thomas Lubanga à la CPI et pour bien d’autres forfaits effectués au Nord Kivu par la suite. Vite, un élan de solidarité tribalo-ethnique s’est organisé entre février et avril 2012 autour de la question et une coalition militaire se reconstitua pour protéger Ntaganda en usant de la même stratégie, celle de faire éclater une guerre meurtrière qui mettrait la Province du Nord Kivu à feu et à sang. De nouveau, le même argument de non-respect des accords du 23 mars 2009 est mis en avant. Devant une population affaiblie, désemparée et mécontente du pouvoir de Kinshasa, le M23 trouvera stratégique d’élargir (même sans un moindre mandat de la population) son cahier de charges aux revendications principales d’une population désabusée.

Encore une fois le gouvernement surpris par une guerre avant qu’il n’ait pu asseoir une armée républicaine est contraint à une énième négociation. Celle-ci partira encore inévitablement sur des bases inconfortables pour un gouvernement qui a étalé son incapacité d’arrêter ou d’empêcher la capture de Goma en novembre 2012. L’une des probables portes de sortie du tunnel, si pas l’unique: la négociation. Car la possibilité d’engager des mercenaires afin de traquer le M23 appuyé ouvertement par le Rwanda et l’Ouganda n’avait pas beaucoup de chance devant une guérilla utilisant en bases arrières les pays voisins et des langues locales qui sont utilisées à la fois dans les rangs de l’armée régulière ainsi que par les assaillants.

Cette négociation ne pouvait se révéler que difficile pour le gouvernement, bien que cette fois pourtant, la Communauté Internationale ait pointé clairement du doigt les coupables et leurs soutiens, à travers deux rapports du groupe d’experts des Nations Unies. L’opposition, frustrée par le résultat contesté des élections, a joué son propre agenda et ne s’est pas vraiment montrée ni professionnelle, ni consciente des véritables enjeux nationaux.

Une fois de plus, on obligera donc le gouvernement congolais à négocier avec les bourreaux de son peuple. Il convient de relever que jamais le gouvernement rwandais n’acceptera de négocier avec les FDLR et que la Communauté Internationale ne fit jamais aucun effort pour l’y pousser…

Enfin, après plusieurs ballets diplomatiques internationaux, un accord est tout de même conclu et contresigné par 9 chefs d’états de la région le 24 février 2013 avec la bénédiction des Nations Unies. La composition d’une force internationale pour traquer les forces négatives, dont le M23, est acceptée après moultes discussions et une résolution pour le renforcement du mandat de la MONUSCO est adoptée au Conseil de Sécurité des Nations Unies. C’est alors que le M23 vole en éclats. Dissensions réelles ou nouvelle mise en scène pour tromper l’opinion internationale? Les parrains du M23 renouvellent-ils la vieille tactique de Museveni qui multipliait les groupes rebelles à sa solde en les montant, à l’occasion, les uns contre les autres? Laissent-ils tomber la faction trop infréquentable et discréditée du M23 pour mieux avancer leur stratégie avec la faction Makenga ? Il y a lieu de se poser les questions. Et bien naïf qui verrait dans cette scission un pas en avant positif vers la paix dans l’Est du Congo et la souveraineté congolaise affermie. La récente reddition de Bosco Ntaganda à l’ambassade des Nations Unies et sa probable extradition vers la Cour de Justice Internationale, si elles représentent une avancée en terme de justice, laissent pour autant toutes ces questions politiques plus que jamais d’actualité.

Présentement, pour continuer et conclure les négociations de Kampala par un accord final, les deux factions du M23, celle fidèle à Runiga et Bosco Ntaganda et celle régentée par Sultani Makenga se revendiquent respectivement la souveraineté d’interlocutrice devant l’équipe gouvernementale présente aux dites négociations. Les deux délégations rivales du M23 étant représentées par Bertrand Bisimwa d’une part et l’autre par Réné Abandi, curieusement tous deux des lieutenants jusqu’à présents très proches et répondant de Laurent Nkunda. Entretemps, les populations du Nord Kivu sont encore en train de subir la guerre dans les territoires de Rutshuru, Rugari, Rumangabo…

Ce qui est intrigant


Dans un document qui semble l’accord prêt à être signé, une fois encore le pouvoir de Kinshasa tombe dans les même erreurs: intégration dans l’armée des sujets étrangers, des rwandais à des postes stratégiques avec espoir d’apporter la paix et finir la guerre.

Pour rappel, c’est déjà une première fois les accords de Sun City qui ouvrirent les portes de l’armée nationale aux rebelles, via les décisions dites de brassage. Le dernière opération de ce genre sera l’intégration en 2009 des hommes du CNDP de Laurent Nkunda.

Un proche collaborateur de Kabila dira même a l’occasion: « La Communauté Internationale nous a imposé d’intégrer des mutins et des rebelles sans formation:; cela fut un coup fatal. De fait, des grades ont été généreusement distribués à d’ex-chefs de guerre, ouvrant ainsi le champ à des commandements parallèles court-circuitant l’Etat Major de Kinshasa, ainsi qu’à des alliances nouées entre officiers dans les Kivus pour contrôler les mines de cassitérite… »
Chronique d’un désastre programmé…

De tout ce qui précède, que devient le M23


biologie, la scissiparité signifie une reproduction asexuée qui s’effectue par une division (d’un organisme) en plusieurs parties devenant à leur tour un individu comple …

C’est en ces termes que d’aucuns qualifieraient les dernières divergences apparues avec fracas au sein du M23, divergences qui ont conduit à la re-déstabilisation de Rumangabo, Rugari et Rutshuru au Nord Kivu suite aux combats meurtriers entre les deux factions rivales du M23 juste après la signature de l’accord du 24 février à Addis-Abeba.
Ne serait-ce pas encore une épopée de plus pour ce mouvement criminel du M23 ?

Cette nouvelle aventure de dissidence ressemble, pour ceux qui ont vécu l’histoire, aux précédentes manœuvres de dissidence, séparations de ce mouvement armé. Le mode opératoire reste le même. L’acte nommant le lead du M24 porte l’entête du CNDP (et le CNDP est sur le registre officiel des partis politiques membres de la Majorité Présidentielle de Joseph Kabila…)

Un élément inquiète particulièrement et incite à la plus grande vigilance, c’est la persistance du plaidoyer du M23 pour le retour des soi-disant réfugiés congolais au Rwanda. Ceci ne ressemble à rien d’autre qu’à une stratégie de colonie de peuplement. En effet, à chaque fois qu’on a demandé les adresses des réfugiés retournés c’est le silence radio… Pire encore quand ils sont sur le point d’être intégrés dans l’armée et dans la police nationale congolaise et qu’on essaie de procéder à leur réelle identification, ils disparaissent dans la nature.

Et au bout du processus, où allons-nous ?


Il ne sera sans doute plus très compliqué un jour de déclarer dans l’Est de la RD Congo un état pro-rwandophone qui occuperait ces espaces toujours perturbés par eux-mêmes et où auront été implantées des populations venues du Rwanda, du Burundi, de la Somalie, de l’Erythrée. Ce sera un espace protégé par des armées d’expressions rwandaises qui auront massivement et progressivement intégré l’armée régulière et les frontières mitoyennes seront ouvertes largement au non de l’intégration régionale protégée insufflée tant par la CEPGL que la CIRGL. Il n’est pas anodin d’ailleurs, qu’à la sortie d'Addis-Abeba en février dernier, le Président rwandais ait insinué dans les médias qu’il n’y aurait pas de paix ou de stabilité régionale tant qu’on n’aura pas établi au Congo un espace où les tutsis se trouveraient sécurisés contre toute attaque des autres populations congolaises.

Il reste donc impensable et absurde pour les Congolais de cheminer dans des négociations qui se concluraient de nouveau par un nouvel afflux d’étrangers et par surcroît des militaires reconnus criminels dans une armée nationale appelée à se réformer. Si tel devait à nouveau être le cas, le pays en payera le prix un jour ou l’autre, et ces négociations auront été tout sauf un pas réel vers une paix et une souveraineté durable.

Par rapport à l’intégration régionale, la société civile, le pouvoir toutes tendances confondues, opposition et majorité présidentielle, et les amis du Congo devraient aider d’abord à une intégration nationale afin de réduire les inégalités qui sont à la base des frustrations et qui n’ont cessé de faire émerger les mouvements criminels. A ce sujet, on devrait procéder à l’émergence d’un partenariat équitable et négocié dans les normes en matière d’accès aux ressources naturelles de la RD Congo.

Enfin par rapport aux criminels, il est pour nous essentiel de ne jamais fléchir en les cajolant par crainte de récidive de leur part. Sinon désemparée, la population ne pourra que continuer à développer des mécanismes de survie et d’autodéfense contradictoires avec l’émergence de valeurs et de comportement d’un Etat de droit.

mercredi 20 mars 2013

Les effets boomerang d'un accord signé

Les Retombées du Mandat de la CPI contre le général Bosco Ntaganda


Analyse rédigée en avril 2012


Aperçu général 


En 1990, le Pouvoir du Congo Kinshasa alors Zaïre est très secoué par l’élan d’ouverture à la démocratie insufflé dans le monde d’abord par la Perestroïka et ensuite par différents appels à la démocratie dont le discours de La Baule en France.
Plusieurs pays africains se sont soumis malgré eux à l’exercice des conférences nationales souveraines, des consultations populaires…
Le pouvoir totalitaire de Mobutu allait decrescendo du jour au lendemain et les millions de Congolais qui espéraient retrouver l’espoir perdu pendant trois décennies n’avaient aucune ambition que celle de voir décamper le maréchal président. En même temps, ceux qui convoitaient le pays estimaient que c’était le moment le mieux indiqué pour satisfaire leurs ambitions sur la RD Congo. C’est ainsi qu’en 1996, deux ans après la défénestration du Président Habyarimana, l’armée rwandaise à travers l’AFDL marcha facilement sur la RD Congo.

Du coup, à ce jour, ces militaires venus par milliers à la rescousse de Laurent Désiré Kabila pour chasser le Maréchal Mobutu du pouvoir ne sont plus jamais totalement rentrés au Rwanda. Et après l’accord de Goma, en janvier 2008, on a replacé ces militaires en grand nombre dans toute la hiérarchie de l’armée congolaise avec des galons nationaux tantôt dans les unités d’opérations Amani Leo, Kimya I et II, les Régiments, les Secteurs et, curieusement sans leur demander de rendre des comptes aux différentes Régions militaires locales.
Ils viennent tout récemment d’intégrer en grand nombre la Police Nationale Congolaise (la Police des Frontières, la Police de circulation routière…), la Direction des migrations,...
En observant les frontières du côté rwandais, burundais et ougandais, on est surpris de trouver les mêmes personnes de part et d’autres. A cause de leur nombre et leur ignorance des langues et dialectes de la RD Congo, le Kinyarwanda est de plus en plus usité par cette portion de l’armée nationale congolaise et des services basée dans la partie Est du pays. Visiblement hétéroclite, l’armée est bipolarisée…

Ce mariage contre nature n’est pas resté sans effet collatéral dans la population congolaise qui garde en mémoire le spectre des différentes guerres et des conséquences incalculables qui s’en sont suivies. Et c’est également le calvaire de l’armée congolaise qui doit faire face à des infiltrations successives d'étrangers en son sein: des milliers de sujets rwandais ont massivement intégré les FARDC sous le sobriquet Banyamulenge.


Après publication du mandat de la CPI pour Bosco Ntaganda


A la mi-mars 2012, la CPI, qui a rattrapé Thomas Lubanga, l'a déclaré coupable et a annoncé attendre que les autorités congolaises livrent son co-accusé Bosco Ntaganda pour qui le Procureur Luis Moreno Ocampo estime disposer maintenant d'assez d’éléments pour le poursuivre (1) afin qu’il réponde aussi pour les crimes contre l’humanité dont l’enrôlement des enfants, meurtre, viol… 

Au niveau national, la déclaration de Didier Reynders, rendue publique dans les médias belges a précisé que « le transfèrement éventuel de Bosco Ntaganda à la CPI avait été abordé lors de ses discussions avec les autorités congolaises mais que ces autorités mêmes refusent obstinément d’arrêter Ntaganda pour le transférer à la CPI, faute de pouvoir le juger, prétextant des raisons d’ordre politique tout à fait éhontées ». Et, lors de sa visite à Kinshasa, le ministre belge Didier Reynders, avait déclaré, le mardi 27 mars, aux membres des bureaux de deux chambres du Parlement que « la République Démocratique du Congo devrait coopérer avec la CPI sur la question du transfert de Bosco Ntaganda ». 

Le jeudi 5 avril 2012, en marge de la visite en RDC du Général Carter Ham, chef du commandement militaire des Etats-Unis pour l’Afrique, l’Ambassadeur des Etats Unis en RDC, James Entwistle, déclara que « La position du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique concernant Bosco Ntaganda est claire depuis un bon bout de temps: il devrait être arrêté et livré à la Cour Pénale Internationale ».

Localement, le 30 mars 2012, au delà des griefs portés contre Bosco Ntaganda pour ce qu’il a fait en Ituri avec la milice UPC de Thomas Lubanga, 21 ONG de défense des droits de l’homme issues de la société civile congolaise du Nord-Kivu accueillent favorablement ce message et en profitent pour dénoncer la responsabilité personnelle de ce dernier pour d’autres crimes supplémentaires de viols et meurtres pendant qu’il était au CNDP et depuis son intégration dans les FARDC. Plus particulièrement dans le massacre de Kiwandja: massacre qui coûta la vie à plus de 150 personnes en 2008.

Entretemps plusieurs autres voix se sont fait entendre... 
  • Celle du Professeur de droit international humanitaire et de droit de la guerre Tshibangu Kalala, disant: « Si le gouvernement congolais ne veut pas remettre Ntaganda à la CPI pour des raisons évidentes, il doit contacter le Conseil de sécurité des Nations unies pour lui expliquer pourquoi et obtenir que le Conseil de sécurité demande à la CPI de ne pas instruire le dossier Bosco Ntaganda . Il s’agirait alors d’une exception prévue dans le statut de Rome qui institue la Cour Pénale Internationale ». 
  • Un représentant du CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple) en exil en France a fait une sortie médiatique bien surprenante. Jean-Paul Epenge, colonel de l’ex-mouvement CNDP, en exil en France, a laissé entendre à Afrikarabia média que le pouvoir en place à Kinshasa n’avait ni les moyens ni intérêt à arrêter le général Bosco Ntaganda, fortement réclamé par la CPI. Il ajoute que le CNDP est capable de déstabiliser cette partie du pays sans être inquiété. Cet ex-mouvement rebelle serait sous le parapluie protecteur du Rwanda, qui ne tiendrait nullement à sa disparition… L’on peut constater que les FARDC hébergent en leur sein depuis 2009 un «Cheval de Troie» capable de nuire à tout moment. C’est la preuve aussi que le CNDP est en réalité le bras armé du Rwanda en territoire congolais. Jean-Paul Epenge reste convaincu que Kigali n’accepterait pas que Kinshasa puisse lâcher Bosco Ntaganda. Ce dernier constituerait, selon lui, la pièce maîtresse dans le maintien de la fragile cohabitation pacifique entre le Rwanda et la RDC. 
  • L’organisation américaine Human Rights Watch, s’est réjouie de la déclaration (2) du Président congolais: «  'est un pas dans la bonne direction et on attend maintenant que cela se traduise en gestes concrets ». Mais une experte de la RDC au sein de l’organisation, Anneke van Woudenberg, a souligné que M. Kabila avait fait cette déclaration en swahili et qu’elle attendait la traduction complète de ses propos pour voir à quel point il est sérieux… 
  • Slon l'AFP, répondant à l’exigence de Didier Reynders, le sénateur She Okitundu, ancien conseiller diplomatique de Kabila, nous a assuré que « Bosco Ntaganda sera arrêté, tôt ou tard, car les crimes qu’il a commis sont imprescriptibles et la fuite est impossible. Mais il appartient au chef de l’Etat, dans l’intérêt supérieur du pays, de décider de la manière et du moment. La situation au Kivu est explosive et la priorité, c’est éviter une nouvelle guerre… » 
  • Dans une lettre ouverte signée (3) par six membres du leadership de la communauté Tutsi basée au Nord-Kivu adressée principalement au Chef de l’Etat, au Secrétaire général des Nations Unies, au Procureur général de la CPI et à une autre douzaine d’institutions planétaires et sommités du monde, la thèse d’un complot contre l’un des leurs est développée tout en plaidant pour l’innocence de Bosco Ntaganda. Cette lettre se conclut par une menace en ces termes : « La communauté Tutsi demande au Secrétaire Général des Nations Unies, en tant que garant de l’ordre public international et du maintien de la paix, de faire tout ce qui est de son pouvoir pour arrêter cette hémorragie de fausse accusations contre les membres de la communauté Tutsi et de considérer que l’arrestation du général Bosco Ntaganda va saper tout le processus de paix en RD Congo». 
  • Le Président de la RD Congo, Joseph Kabila, a annoncé, le 11 avril 2012, à Goma, que Kinshasa a décidé de neutraliser Bosco Ntaganda, devenu général et chef de l’armée régulière dans l’Est de la RD Congo et de le livrer à la justice internationale. Mais quelques jours plus tard, le président Joseph Kabila nuancera en précisant que Bosco Ntaganda devait être arrêté et faire face à un procès militaire en RDC. Ceci a été avancé par André Ngwej, le porte-parole de la présidence, lors d’un entretien téléphonique avec l’Associated Press. 

Enfin, concernant le général Bosco Ntaganda:
selon des indiscrétions obtenues auprès des personnes qui l’ont côtoyé, Bosco Ntaganda aurait toujours juré qu’il préférerait mourir que d’être déféré à La Haye. Ses gardes auraient même reçu des ordres clairs de sa part pour qu’ils lui évitent cette épreuve, en écourtant sa vie le cas échéant.
Un journaliste de l’AFP l’a rencontré chez lui, dans sa ferme, dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu, où il a déclaré qu’il n’avait pas peur.


Mais qui est finalement Bosco Ntaganda ?


Né en 1974, dans la région de Bigogwe, au Rwanda, Bosco Ntaganda va déménager tôt dans son enfance pour rejoindre Nyamitaba, en territoire de Masisi, en RD Congo.

A l’âge de 17 ans, il rejoint l’armée FPR Tutsie de Paul Kagame pour envahir, au départ de l’Ouganda, le Rwanda alors gouverné par la majorité Hutue au pouvoir depuis près de trois décennies. C’est ainsi qu’ils ont d’abord occupé le nord du Rwanda. Après quelques temps, ils se sont emparés de tout le pouvoir au Rwanda. Cela après quatre ans de guerre et de guérilla pour finir par un génocide.

En 1996, avec Bosco Ntaganda en son sein, l’armée rwandaise envahit la RD Congo qu’elle conquiert sans peine sous la bannière de Laurent Désiré Kabila. Au moment où ce dernier n’écoute plus suffisamment Paul Kagame, les Rwandais lancent, au départ de l’Est du Congo, une nouvelle offensive avec leur propre armée et toutes sortes de milices « locales ». Le rôle tenu par Bosco Ntaganda au sein de ces dernières n'a cessé de s’amplifier. C'est pendant cette période qu'il est incriminé de procéder à l’enrôlement des enfants de moins de 15 ans avec l’UPC de Thomas Lubanga en ITuri, dans la province orientale de la RD Congo.

En 2000, Bosco Ntaganda rejoint la rébellion du CNDP. En 2008, il succèdera à Laurent Nkunda à la tête du CNDP. Le mariage de raison conclu fin 2009 entre Kabila et Kagame reposera sur Bosco Ntaganda. Ce qui permet de conclure que, jusqu’à présent, le CNDP contrôle tant le Nord Kivu que le Sud Kivu.

En outre, Bosco Ntaganda et ses hommes sont montés en puissance sur le plan économique : ils contrôlent les circuits de l’or, du coltan, du carburant au Nord Kivu et de nombreux commerçants de Goma leur sont redevables.

Avec le temps en effet, la situation de Bosco Ntaganda s’est renforcée: il disposerait de plus de 3000 hommes intégrés au sein de l’armée congolaise toujours prêts à faire défection et à défendre leur chef. Le CNDP assure qu’il a pour vocation de protéger les Tutsis congolais et ses hommes refusent d’être délocalisés loin du Kivu.


Scission suivie du crépitement des balles et de défections


De nos sources locales, nous apprenons que, dans le sud du Sud Kivu, à l’annonce de cette réquisition de livrer Bosco Ntaganda à la CPI, les militaires rwandophones des FARDC basés dans l’axe Uvira-Baraka, sous l’instigation de leur chef le Colonel Bernard Byamungu, se sont immédiatement retirés de leurs positionnements pour se retrouver dans une rencontre dans les hauts plateaux de Minembwe afin d’apprêter des dispositions en réponse à la dite réquisition appelant à l’arrestation d’un des leurs.

Dans le déroulement de la réunion, où il a été question du traitement du dossier Bosco Ntaganda, ils ont montré que Joseph Kabila voulait livrer l’un des leurs.

Leur réflexion a fondamentalement tourné autour du « Que faire et comment procéder » pour obliger le gouvernement de la République à viser le retrait du dossier à la CPI. Pour ce, ils ont unanimement opté à faire éclater une guerre devant déstabiliser le Nord et le Sud Kivu afin de pousser le Gouvernement congolais à négocier avec eux sur la base de son implication dans le retrait du dossier de poursuite de Bosco Ntaganda par la CPI. Mais pour y parvenir « il faudrait bien emballer les autres militaires non rwandophones dans le coup et cela en enveloppant leur cause dans la revendication de solde des militaires » ont-ils conclu. Par la suite, ils se sont employés à des pourparlers secrets avec les hommes de Yakutumba pour qu’ils prennent Fizi avec une progression vers Uvira. Ils ont également tenté d’intéresser la Colonel Baleke pour prendre à son tour Uvira avec une progression vers la plaine de la Ruzizi et naturellement le tout sous le commandement unique piloté par un officier Munyamulenge.

Si, pour le premier groupe de Yakutumba, quelques-uns ont risqué de s’emballer pour se rétracter peu de temps après, cela n’a pas été le cas pour le deuxième groupe du Colonel Baleke qui a vite compris qu’il y avait un agenda caché et a directement prévenu le groupe du colonel Bernard Byamungu qu’il allait vigoureusement riposter parce qu’ils n’étaient pas disposés à attaquer l’Etat congolais.

Cavalier seul, le groupe des militaires rwandophones avec le Colonel Bernard Byamungu engagea sa progression de Fizi vers Uvira avec comme cap le Nord Kivu pour essayer de reconstituer toutes leurs unités. Mais une fois arrivé à Kigongo,  les FARDC leur barrèrent la route et les balles crépitèrent abondamment. C’est ici que le groupe des mutins rwandophones détruisit (4) toutes les munitions qu’ils n’étaient pas capables d’emporter avec eux. Dès ce moment, leur chef, le Colonel Byamungu, déclara ne plus faire partie de l’armée régulière des FARDC et prit le chemin des collines surplombant Uvira. Mais comme il ne maîtrisait pas convenablement la géographie (collines et montagnes), le groupe s’est retrouvé au dessus de Kasenga où il a été repoussé avec grand fracas par le colonel Baleke.
A ce moment là, le groupe des mutins a tenté de se mettre plus à couvert, plus bas vers Uvira, et de profiter nuitamment de grands véhicules afin de poursuivre la route vers le Nord Kivu. Hélas, les commerçants et autres personnalités ont trouvé des raisons douces pour un refus tacite de leur venir en aide. 
Au passage, dans la cité d’Uvira, ils avaient tenté de défoncer la Banque mais heureusement la MONUSCO avait dépêché ses chars de combat pour les y empêcher.
Et le matin suivant, les FARDC les repèrèrent et les attaquèrent immédiatement jusqu’à les repousser plus loin dans les montagnes où, dans leur fuite, ils se sont retrouvés vers Kaziba où un colonel d’un régiment militaire a été abattu.
Par contre, dans la province voisine du Nord Kivu, nous avons appris pendant ces mêmes moments qu’à l’annonce de la nouvelle de livraison du général Bosco Ntaganda à la CPI, ses hommes se sont déployés avec exhibition dans les rues de Goma, créant une vive tension dans la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord Kivu. Une démonstration de muscles eut lieu à partir des vingtaines de jeeps blindées conduites par des hommes en uniformes lourdement armés de lance-roquettes et de mitraillettes. Ils ont sillonné les rues de Goma avec, à leur tête, le général Bosco Ntaganda. Par la suite, on a entendu des défections d’éléments de l’ex-rébellion du CNDP constatées dans les rangs des FARDC, particulièrement dans les localités de Kanyabayonga, Masisi et Rutshuru. Les «mutins» auraient décidé de quitter les positions indiquées par la hiérarchie militaire pour des destinations inconnues. Et tout ceci installa une psychose au sein de la population. 


Qu'est-ce qui ressort de ce qui précède? 


de l’arrestation du général Bosco Ntaganda nous a poussé à décrypter la presse nationale et internationale ainsi que des entretiens de terrain pour collectionner quelques informations. Différents propos ont été portés à profit, dont notamment ceux du Vice premier ministre belge, de l’Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique à Kinshasa, du Président de la République Joseph Kabila, du sénateur congolais She Okitundu, du représentant du CNDP en exil en France, d’un professeur d’Université de Droit, de 21 associations de défense des droits humains au Nord Kivu, de la communauté Tutsi rwandophone du Nord Kivu, de Human Right Watch, et de Jean Bosco Ntaganda lui-même.

D’autre part, quelques faits patents ont été observés sur le terrain au Nord Kivu et au Sud Kivu avec ses effets immédiats sur la paix, la stabilité et la cohésion sociale chèrement acquises à l’issue des plans de paix conclus difficilement, voire au prix des alliances contre nature.

Voici succinctement ce qui a été vécu sur le terrain :
  1. La nouvelle portant sur l’arrestation de Bosco Ntaganda a été pour un grand nombre de congolais une occasion de satisfaction, une occasion d’alerte pour les communautés rwandophones et une inquiétude pour les personnes qui trouvent en cette arrestation une occasion de déclenchement d’une énième guerre par la communauté Tutsi redoutée. Il s'agit là des trois attitudes qui ont conditionné les différents comportements de la population dans la partie Est de la RD Congo pendant cette période. 
  2. Des défections de militaires et officiers à prédominance rwandophones dans les rangs de l’armée régulière, exhibant ainsi une nette brisure et un manque d’esprit de corps et de cohésion (5) interne au sein de l’armée tant au Sud Kivu qu’au Nord Kivu. Un réel débat sur la réforme de l’armée s’avère plus qu’indispensable… 
  3. Les balles ont abondamment crépité dans le sud du Sud Kivu et des démonstrations de forces des militaires d’une même obédience remettant sur la place le spectre d’une nouvelle guerre et le sursaut d’un sentiment de non-paix perpétuel dans le Nord Kivu… 
  4. Les commerçants et autres opérateurs sociaux ont réduit sensiblement leurs transactions pour être à l’abri des surprises…
  5. Une attitude frisant la paranoïa de la communauté rwandophone à travers réunions et regroupements des militaires dans le sud du Sud Kivu, ainsi que dans le contenu de la lettre ouverte de la même communauté dans le Nord-Kivu.
  6. Une réaction taxée de soubresaut mitigé qualifiera les déclarations du Chef de l’Etat au regard de ses trois interventions successives où d’abord il accepte d’arrêter et de livrer Bosco Ntaganda à la CPI et ensuite, il promet de l’arrêter et de le juger sur base de la Justice militaire congolaise. Les partisans de cette intrigue pointent du doigt le fait d’avoir précipité le déferrement de Thomas Lubanga et Jean Pierre Bemba à La Haye comme si eux étaient moins congolais que Bosco Ntaganda. Quant à la 3e intervention du Chef de l’Etat qui dit que la CPI ne doit pas nous mettre la pression: les gens ripostent. Pourquoi ne pas remettre Jean-Pierre Bemba et Thomas Lubanga ? Est-ce que les dégâts de ces derniers sont plus élevés que ceux perpétrés par Tango Fort, Laurent Nkunda, Mutebusi? Pourquoi les uns seraient jugés par la justice congolaise et pourquoi pas les autres ?
  7. Des affrontements dans la semaine du 11 avril 2012 entre les hommes de Ntaganda et l’armée congolaise à Rutshuru, dans l’est de la RDC, selon un porte-parole militaire de la région, le major Sylvain Ikenge.
  8. … 


Analyse possible d'une hypothèse de la balkanisation


La question de l’arrestation de Bosco Ntaganda a été portée à la connaissance du public (population et organisations du mouvement associatif) par les déclarations répercutées dans les médias nationaux, internationaux et différents comportements ont été observés dans les sphères politiques, diplomatiques, communautaires, sécuritaires, militaires…

Partant de plusieurs thèses régulièrement développées et prenant en compte les différents courants qui circulent dans le monde et particulièrement dans l’Afrique il y aurait lieu de réfléchir sur l’hypothèse de la balkanisation. Elle n’est pas à exclure totalement pour quelques raisons ci-après :

A l’interne
  • Les dernières élections contestées et gagnées par des gens selon leurs appartenances provinciales (ex.: Tshisekedi élu majoritairement au Kasai, Joseph Kabila par le Katanga, Vital Kamerhe pour le Nord Kivu et le Sud Kivu) ne seraient pas moins un ingrédient à mettre en ligne de compte si les gouvernements de cette législature ne deviennent pas d’union nationale.
  • Forte présence des milliers de soldats rwandais dans l’armée nationale congolaise: militaires qui refusent toute mutation dans d’autres provinces devant un Rwanda qui se bat constamment pour la révision des frontières héritées de la colonisation… 
  • Recrutement massif des sujets rwandophones dans la Police Nationale Congolaise, les services de sécurité et de renseignements… 
  • Les principales réformes institutionnelles devant conduire à la consolidation d’un état fiable et digne de ce nom sont soit boycottées soit conduites timidement. Néanmoins, les préposés de l’Etat à tous les niveaux sont profondément plongés dans la corruption, la prédation sans amour du pays et ne s’empêchent de clamer: « Kongo ni nyama ya Tembo et que chacun doit chercher à arracher par n’importe quel moyen sa part individuelle» 
  • Musellement de mouvements sociaux à caractère nationaliste et résignation/fatalisme d’une bonne partie de la population fatiguée par l’usure, les guerres interminables et les conditions de vie déplorables. On le constate de plus en plus dans certains propos d’anciens résistants qui sont en train de lâcher prise progressivement. 
Au niveau de l’Afrique et du monde :
D’aucuns s’emploieraient à présager qu’après le Soudan et tout récemment le Mali seraient visés présentement la RD Congo et l’Angola et cela notamment à cause :
  • des richesses convoitées (minerais, faune et flore, eau, hydrocarbures et gaz, et enfin les vastes étendues de territoire nationales…) par la communauté internationale. 
  • des pays voisins dont le Rwanda, l’Angola, le Burundi qui se sont déjà manifesté d’une manière ou d’une autre… 
  • de l'existence depuis de longues dates de plans/projets de démembrement du Congo/Zaïre qui procéderait soit par dérive autarcique, soit par implosion-disparition et, enfin soit par explosion-réduction. … 


Probable scénario d'opérationalisation de la balkanisation 


Le paradigme malien a justifié le putsch du Capitaine Sanogo par la mauvaise gouvernance d'Amadou Toumani Touré « ATT », dont profitèrent par la suite les Touaregs pour procéder à une guerre jusqu’à scinder en deux le Mali et la proclamation de l’indépendance de l’Etat de Azawad avec le soutien de MNLA.

Pour le Soudan, la guerre a également coupé le Darfour de Khartoum. Le référendum au Soudan n’est venu que confirmer la subdivision du pays. Hélas la guerre est encore présentement revenue dans ce pays.

Pour la RD Congo, il serait possible qu’un déclencheur provienne de la communauté Tustsie qui a toujours présenté ses revendications de disposer d’un territoire à elle seule au Congo en développant indéfiniment la thèse de la victimisation par les autres tribus congolaises. Au regard des déclarations et comportements de la communauté Tutsie en rapport avec le mandat de la CPI adressé à Bosco Ntaganda, cette situation comme tant d’autres à venir pourraient en constituer l’alibi le moment venu. L’appui du Rwanda serait également inévitable dans ce schéma: il entrerait de plein pieds dans les hostilités prétextant qu’il entre dans la RD Congo pour empêcher les ennemis (hutus, notamment les FDLR) d'envahir le Rwanda. Certes, dès le début, le Rwanda agirait en même temps à travers ses adeptes qui sont dans les instances nationales de décision en RD Congo et le pouvoir de Kinshasa serait facile à contrecarrer car non seulement les choses iraient plus vite mais aussi les complicités seraient très flagrantes quand on sait qu’au sein des FARDC ont été montées des structures de commandement parallèle.

-------------------------------------------------------------------
(1) Après les différentes nouvelles dans les médias et autres moyens de communication sociale; pour les uns l’annonce de l’arrestation de Bosco Ntaganda constitue un soulagement mais pour d’autres le désarroi et pis, l’apocalypse.
(2) Voir par la suite des déclarations du Président de la RD Congo.
(3) Lettre ouverte rendue publique et retrouvée sur internet le 02 avril 2012.
(4) Les déflagrations et détonations des tonnes et des tonnes de munitions mirent toute la population d’Uvira en débandades et les ONG comme les habitants commencèrent à quitter Uvira.
(5) L’accord de Goma entre CNDP et le gouvernement en 2009 prévoyait l’intégration des militaires dans l’armée régulière.