Il est venu parmi eux et les
siens ne l’ont pas reconnu... Ainsi est la vie de certaines personnes
dont le modus vivendi sort de l’ordinaire et marque de manière aussi profonde que
rapide leur temps sur terre.
Solange Lusiku Nsimire Kayange, « Solsol le
jour », n’a pas échappé à la règle: 46 ans de vie sur terre. Pas
suffisant pour mourir de sitôt pourtant ça paraît beaucoup au regard de la
richesse qu’elle laisse derrière elle, de son engagement social et son combat
pour la démocratie et la promotion des droits de la femme. Que de si peu de
temps, elle ait eu une vie qui aura marqué son temps… il faut bien le souligner
avec force.
Considérée comme l’une des femmes
pionnières de la presse écrite au Sud-Kivu, voire en République démocratique du
Congo, elle a passé la majeure partie de sa vie au journal le Souverain où elle
a usé de sa plume pour former et informer le public congolais et d’ailleurs sur
des questions de tous ordres. Battante et soldate de la démocratie, le monde
l’a admis à la grande fierté de la presse du Sud-Kivu. Engagée à combattre la
rumeur et la désinformation dans un environnement où tout cela s’impose comme
règle; un environnement où la population reste un peu ignorante sur un certain
nombre de sujets surtout sur la gestion du res publica (bien public), les
droits de l’homme et particulièrement les droits de la femme, l’interaction
entre les dirigeants et les dirigés, les héros vivants oubliés de la société qui
ont marqué dans toute humilité et effacement leurs secteurs de vie et leurs
générations, etc. Solange a forgé dans toute simplicité et détermination
l’admiration de plus d’un dans sa façon de vivre et d’informer, la qualité de
l’information dans le journal le Souverain libre…
Troublée souvent par les
événements, par les fausses amitiés de parcours, les attitudes des hommes
politiques congolais, surtout la situation socio-politique et le contexte
global du pays et de la sous-région des grands lacs africains, Solange restait
confiante, engagée et soucieuse d’apporter sa pierre réparatrice comme
journaliste. "Faisons ce que nous
avons à faire pour épargner les générations futures à vivre ce que nous
déplorons aujourd’hui" nous disait-elle. Elle ne ratait jamais
l’occasion de faire un plaidoyer en faveur de l’amélioration de la situation sociopolitique
de la République démocratique du Congo et de la région lorsque les
circonstances le lui permettaient bien.
Haïr le mensonge dans un monde où
beaucoup pensent qu’il faut mentir pour survivre; dire la vérité là où
beaucoup pensent que dire la vérité en face c’est manquer du respect et d’amour
à son interlocuteur et c’est signer sa mort surtout s’il s’agit d’une autorité
politique et administrative en face; Solange en était capable et parfois
je lui disais de ne pas faire le journaliste partout et dans tout; mais
non, c’était comme ça, elle devait dire les choses telles qu’elles sont pour le bien du
changement … Les politiciens aimaient dire d’elle qu’elle n’avait pas sa langue
en poche et son stylo en pause… Autant mieux ne pas la rencontrer et éviter ses
caricatures déshonorantes. Il faut dire qu’ici, les autorités politiques se
perçoivent et veulent qu’elles soient perçues comme presque des « intouchables »
dont on ne peut s’aventurer de ternir l’image par des caricatures dans des
journaux. Il fallait bien oser…
Adieu Solange Lusiku, mon amie,
ma complice et compagne de lutte… Nous continuerons la partie du combat qui
nous restait encore à faire ensemble. RIP.